Le Préfet raseur de cheveux au BAC II 2022 limogé par le Président Doumbouya

Afriquinfos Editeur
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Conakry (© 2022 Afriquinfos)- Le chef de la junte guinéenne, le Colonel Mamadi Doumbouya a démis de ses fonctions un préfet qui a entrepris de couper les cheveux de deux candidats au bac en pleine salle d’examen.

Au lancement des épreuves du BAC en Guinée ce 17 juin 2022, le Colonel Ibrahima Douramoudou Keïta a été filmé en train de couper les cheveux de deux jeunes en plein examen. Diffusée en fin de semaine dernière, la vidéo est devenue virale ces dernières heures.

Le « préfet-coiffeur » vient d’être emporté par son comportement lors du lancement officiel du baccalauréat 2022 à Siguiri. Hier, vendredi 17 juin, le Colonel Ibrahima Douramoudou Keïta, muni d’une paire de ciseaux, a posé un acte inédit dans une salle de classe au centre d’examen Elhadj Oumar Tall, située dans la commune urbaine de Siguiri. La première autorité préfectorale a coupé les cheveux de deux jeunes, alors que les deux candidats faisaient déjà face à la première épreuve.

Ce comportement du préfet Ibrahima Douramoudou Keïta a été dénoncé notamment par les internautes et dans les médias où plusieurs Guinéens ont réclamé des sanctions contre cet administrateur territorial. Et, c’est ce que le Colonel Mamadi Doumbouya vient de faire.

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Dans la soirée de ce samedi, 18 juin 2022, le président de la Transition a rendu public, par décret, le limogeage du Colonel Ibrahima Douramoudou Keïta de ses fonctions de préfet de Siguiri. Le désormais ancien préfet est mis à la disposition de l’état-major général des armées.

Retour sur les faits

Alors qu’il visitait les salles d’examens au lancement du Bac 2, le préfet Ibrahima Douramoudou Keïta remarque un candidat dont la coiffure ne lui convient pas. Stylo à la main, copies sur la table, oreilles bien dégagées mais cheveux légèrement longs sur le sommet du crâne, le lycéen devient la cible des commentaires de l’aréopage du jour. Alors que l’un des visiteurs accompagnant le militaire suggère à l’adolescent de songer à se rendre chez le coiffeur, le préfet, en uniforme kaki, saisit une paire de ciseaux et déclare : « On va l’aider tout de suite. » Et de couper les mèches rebelles de la manière la plus approximative qui soit.

Non content de perturber la concentration des élèves et la solennité d’un examen de cette importance, le lieutenant-colonel continue son happening. Devant des lycéens médusés qui tentent d’échapper aux regards de la délégation, le préfet encourage un autre militaire à diriger ses ciseaux vers un deuxième crâne à humilier. Deux coupes en 1 minute et 4 secondes, de quoi faire rêver tout coiffeur en manque de productivité.

Samedi, la vidéo tourne en boucle et suscite un tollé dans l’opinion connectée. « Donc la priorité de ce mec, c’est cela ? » s’amuse un internaute, tandis que d’autres dénoncent un flagrant « abus de pouvoir » dans un « État de droit » et un « excès de zèle […] ridicule et ignoble » de la part d’autorités telles qu’il n’en « existe qu’en Afrique ».

Devant l’émoi provoqué, le préfet tente de se justifier auprès du site Africaguinée. Il invoque l’impérieuse « bonne éducation » qu’il faut inculquer à des « enfants qui sont les futurs cadres et futurs ministres de la Guinée » mais « viennent en rasta ». Comme pour rendre ses coups de ciseaux bienveillants, il affirme les avoir initiés « en qualité de papa » et non « en tant que préfet », soulignant que les élèves en question avaient le même âge que son « premier garçon ». Comme pour faire un clin d’œil à celui qui l’a propulsé à son poste, il affirme partager le souci du chef de l’État de « promouvoir l’excellence ».

Ni la « privatisation » de son geste, ni le clin d’œil au président de la Guinée ne le sauveront. Le même 19 juin, le journal télévisé diffuse un décret du chef de l’État : « Le lieutenant-colonel Ibrahima Douramoudou Keïta, matricule 18342G, précédemment préfet de Siguiri, est relevé de ses fonctions et mis à la disposition de l’état-major général des armées. » Si certains jugent la scène de la salle d’examen plus burlesque que tragique, le colonel Doumbouya n’a pas besoin de buzz capillaire. Il sait que des accusations d’autoritarisme planent sur son régime de transition, qui interdit les manifestations publiques et peine à fournir un calendrier électoral accepté de tous.

V.A.