Le Niger se retire de l’ITIE après avoir été suspendu

Afriquinfos
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Niamey (© Afriquinfos 2017)- Suite à la suspension du Niger le mois dernier de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) «  pour progrès insuffisants  », Niamey a décidé de se retirer de l’institution, a annoncé le ministre des Mines, Barazé Moussa au cours d’une conférence de presse. Apparemment la décision de l’ITIE n’a pas du tout plus, aux autorités nigériennes.

Dans une correspondance datant du 25 octobre dernier, le conseil d’administration de l’ITIE avait, tout en saluant la position de pionnier que le Niger a occupée pour un pays qui est le premier producteur d’uranium de l’Afrique, «  suspendu  » le pays pour «  progrès insuffisants  ». Notamment dans les domaines «  du non-respect des exigences de l’ITIE en matière de divulgation des contrats, de publication des données sur les versements infranationaux au profit des collectivités territoriales des régions extractives  ». En outre, il est reproché au Niger «  la restriction des libertés et de l’espace de la société civile  », en lien avec de récentes arrestations d’acteurs s’intéressant au secteur minier.

Pour le ministre nigérien des Mines, Barazé Moussa, cette décision de l’organisme international «  est injuste  ».

Il a attribué, dans des propos rapportés par la radio nationale, la suspension du Niger au fait que l’instance dirigeante de l’ITIE s’est «  mêlée d’une affaire judiciaire au Niger  », notamment la vente présumée douteuse d’uranium nigérien à travers de multiples intermédiaires.

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Un collectif de la société civile avait déposé une «  plainte contre X  » à la suite de cette affaire appelée «  Uraniumgate  ». L’opération de vente présumée douteuse d’uranium baptisée «  Uraniumgate  » a été mise au point par Areva, soucieuse de mobiliser des fonds afin de «  sécuriser  » les mines d’uranium dans le nord du Niger, avait révélé une enquête parlementaire. «  Suite à l’enlèvement par Aqmi en 2011  » de travailleurs d’Areva à Arlit, Niamey «  avait demandé le soutien d’Areva  » pour «  sécuriser  » les mines d’uranium dans le Nord qui étaient en «  danger  », souligne le rapport.

Mais Areva, qui ne pouvait «  débloquer  » des «  sommes importantes  », avait proposé au Niger «  d’utiliser  » la Sopamin [Société de patrimoine des mines du Niger, société d’État, pour lever des fonds, mentionne le rapport de l’enquête menée en mars.

Pour le ministre, l’ITIE s’est clairement «  mêlé d’une affaire judiciaire  » en établissant «  un lien entre l’arrestation de certains acteurs de la société civile  », auteurs de la plainte et cette affaire de vente frauduleuse d’uranium nigérien. Ce qui expliquerait en partie la décision de l’ITIE de suspendre Niamey. Et la riposte du gouvernement de ne plus bénéficier de cette norme.

L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) a été lancée en 2002 et est devenue aujourd’hui une norme internationale visant à assurer une meilleure transparence dans la gouvernance des industries extractives. Ayant adhéré à l’Initiative en 2005, le Niger a été admis «  pays candidat  » en 2007 et déclaré «  pays conforme  » en 2011. Le Niger, dispose d’un sous-sol regorgeant d’importantes ressources minières et énergétiques, dont l’uranium, le charbon, le cuivre, l’or, le phosphate, le molybdène, le zinc, le pétrole, le gaz, le fer, et d’autres métaux précieux, selon des études réalisées par le ministère en charge des Mines.

Le Niger est déjà producteur et exportateur d’uranium, de pétrole, de charbon, d’or, de ciment et de gaz.

Innocente Nice