La Franco-Béninoise Marie-Cécile Zinsou nommée à la présidence de la Villa Médicis de Rome

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2021 Afriquinfos)- Marie-Cécile Zinsou, fille de l’ancien premier ministre du Bénin a été nommée jeudi 28 octobre, pour un mandat de trois ans, à la tête du conseil d’administration de la Villa Médicis de Rome, a annoncé le ministère de la Culture français.

Née en 1982, formée en histoire de l’art en France et en Angleterre, la Franco-Béninoise a créé en 2005 à Cotonou une fondation de promotion de l’art contemporain en Afrique, la Fondation Zinsou.

Elle est la fille de Lionel Zinsou, économiste et banquier d’affaires franco-béninois, ancien dirigeant du fonds d’investissement PAI Partners, puis premier ministre du Bénin de juin 2015 à avril 2016. Depuis 2015, Marie-Cécile Zinsou siège au conseil d’administration du Château de Versailles et depuis 2019 au conseil d’administration de l’Institut des cultures d’islam. Elle préside également le conseil d’administration de la Maison Maria-Casarès, un centre culturel et théâtral d’une commune des Charentes, Alloue.

Elle succède à Thierry Tuot, qui a effectué trois mandats de trois ans, de 2011 à 2020. Créée en 1666, la villa Médicis offre un cadre privilégié à des artistes, écrivains et chercheurs en résidence, et est un lieu culturel d’expositions, festivals, concerts ou conférences.

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Une nomination qui fait polémique

Alors que la nomination de Marie-Cécile Zinsou à la présidence de la Villa Médicis a provoqué un début de polémique dans le monde de l’art contemporain. Dans un entretien à « Jeune Afrique », la Franco-Béninoise balaie les critiques et assure vouloir se concentrer sur son nouveau rôle.

Le président français a porté son choix sur la Franco-Béninoise de 39 ans quelques jours seulement après la cérémonie actant la restitution de 26 des centaines d’œuvres pillées au Bénin à l’époque de la colonisation.

Plusieurs commentateurs pointent notamment la proximité d’Emmanuel Macron avec son père, l’ancien Premier ministre béninois et banquier d’affaires Lionel Zinsou. D’autres évoquent le soutien sans faille qu’elle a apporté au processus de restitution qui trouvera son épilogue lorsque les œuvres béninoises prendront l’avion pour Cotonou, le 10 novembre prochain.

Actuellement à Rome, où elle vient d’arriver pour rencontrer les équipes de la Villa Médicis, en particulier son directeur Sam Stourdzé, Marie-Cécile Zinsou assure vouloir se mettre le plus vite « au service » de la prestigieuse institution qui accueille et accompagne des artistes pour de longues résidences.

Lors d’un entretien accordé à Jeune Afrique, elle a balayé les critiques, assurant que son expérience à la tête de la Fondation Zinsou, qu’elle a créée en 2005 et où elle n’a eu de cesse de multiplier les expositions audacieuses, suffit à lever les doutes sur sa légitimité en tant que toute nouvelle présidente du conseil d’administration de la Villa Médicis.

: J’ai été prévenue le 21 octobre, lors de la Foire internationale d’art contemporain de Paris. J’ai eu l’occasion d’y croiser Emmanuel Macron, qui m’a demandé si j’accepterais. Il m’a expliqué que, les statuts de la Villa Médicis ayant évolué et la présidence n’étant plus réservée à des conseillers d’État, il avait pensé à moi. J’ai évidemment été très surprise, mais également très honorée.

A la question de savoir, pourquoi selon elle, le président français lui a confié ce poste prestigieux? «C’est à lui qu’il faut le demander ! Ce que je peux vous dire c’est que, en dehors d’un selfie que j’ai pris avec lui en 2015, je ne l’avais jamais vraiment rencontré jusqu’à très récemment… J’ai eu l’occasion d’échanger longuement avec lui lors du sommet Afrique-France [les 7, 8 et 9 octobre dernier]. Il est venu visiter l’exposition Cosmogonies, que la Fondation organisait au MoCo, le musée d’art contemporain de Montpellier. Je lui ai présenté les œuvres, lui ai expliqué le système de résidence que nous organisons dans le cadre de la Fondation », a-t-elle répondu.

« J’ai vu sur les réseaux sociaux certains commenter ma nomination sur l’air de : «Et dire qu’ils font ça avec nos impôts». Alors je voudrais rassurer tout le monde : le poste de présidente de ce lieu mythique est bénévole. Et il s’agit d’un poste non exécutif. Je sais que cela fait rêver beaucoup de monde, c’est donc normal qu’il y ait des commentaires désagréables. Ce n’est pas bien grave. J’essaie de passer outre », a encore ajouté Mme Zinsou.

Si certains estiment qu’elle a été nommée en raison de la proximité de son père, Lionel Zinsou, avec Emmanuel Macron, et pour le soutien qu’elle a apporté au processus de restitution des œuvres au Bénin, pour la dame, ce sont des perceptions à « la fois misogyne et complotiste ». « C’est une manière de me résumer à ma seule filiation. Oui, je suis la fille de mon père. Mais je suis aussi la fille de ma mère, Marie-Christine Zinsou»!

Le président français a porté son choix sur la Franco-Béninoise de 39 ans quelques jours seulement après la cérémonie actant la restitution de 26 des centaines d’œuvres pillées au Bénin à l’époque de la colonisation.

A. V.