Gambie: Psychose autour de la fermeture de radios privées, à l’approche de la fatidique date du 19 janvier 2017

Afriquinfos
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Banjul (© Afriquinfos 2017) – Le Président gambien qui est revenu sur sa décision de céder le pouvoir à l’élu Adama Barrow a franchi une nouvelle étape dans sa détermination à se maintenir au pouvoir. Après avoir ordonné la réouverture de la Commission électorale, Yahya Jammeh a décidé de fermer les médias qui ne lui sont pas favorables. Trois (03) radios privées ont ainsi été suspendues d’émettre.

 

Teranga FM, Hilltop Radio et Afri Radio sont les radios concernées. La première (la plus écoutée) relaie les informations en langues locales pour répondre aux besoins de la population. La majorité de la population gambienne n’a pas accès à la presse écrite. Car, elle n’a pas les moyens de se la payer, et de plus elle ne sait pas lire l’anglais.

Ce qui a valu à cette radio d’avoir des démêlées  avec le pouvoir. Teranga FM avait déjà été fermée plusieurs fois puis rouverte sous conditions. Son Rédacteur en chef avait été arrêté l’année passée. Il est aujourd’hui en fuite. La seconde radio suspendue est par contre un média de divertissement et ne diffuse pas d’informations politiques. Pour «Reporters sans frontières», il s’agit de la censure pure et simple: couper les sources d’information avant même que les médias n’aient pu faire quelque chose qui dérange.

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C’est visiblement une manœuvre de musèlement de la presse de la part  de Yahya Jammeh afin de se maintenir  au pouvoir après la fin de son mandat le 19 janvier prochain. Cependant, Afri Radio a été autorisée à réémettre ! Mais sous condition. Elle ne diffusera que de la musique.

Selon une source, c’est ce lundi que la radio  a reçu l’autorisation «de reprendre ses émissions», mais à condition «que nous ne diffusions que de la musique», souligne la source. «On nous a demandé d’arrêter tous les programmes (habituels) et de faire en sorte qu’aucun animateur ne soit en studio. Aucun employé n’est autorisé à parler à l’antenne», a-t-elle ajouté.

Pour Reporters sans frontières (RSF), aucune preuve n’a été fournie par les autorités gambiennes pour justifier la fermeture de ses radios. «Selon les personnes interrogées, aucune de ces radios n’avait diffusé de contenu susceptible de froisser les autorités ces derniers jours», a affirmé RSF.  «Ces fermetures arbitraires sont extrêmement préoccupantes (…). Elles s’inscrivent dans un climat plus général d’attaques contre les libertés démocratiques dans le pays. RSF exhorte les autorités à rouvrir ces radios immédiatement et à cesser la répression contre la liberté d’expression et d’information», a condamné Virginie Dangles, Rédactrice en chef de RSF.

Depuis l’élection présidentielle du 1er décembre dernier,  une crise politique est née après la volte-face spectaculaire de Yahya Jammeh. Le scrutin a été officiellement remporté par l’opposant Adama Barrow; le Président sortant, après 22 ans de pouvoir, conteste toujours sa défaite et est prêt à basculer son pays dans un chaos total. Des désertions sont enregistrées dans son rang. Aux dernières nouvelles, le Président de la Commission électorale a aussi pris la fuite.

 

Anani  GALLEY