François Hollande livre sa part de vérité sur Serval, une décennie après 

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2023 Afriquinfos)-  En janvier 2013, alors que les jihadistes étaient aux portes de Bamako, l’opération française Serval avait permis de repousser les assaillants. Dix (10) ans plus et alors que les relations entre Bamako et Paris sont au plus mal, François Hollande qui à l’époque, occupait l’Elysée revient sur la question.

Le 2 février 2013, c’est un François Hollande conquérant qui arpentait les rues de Tombouctou devant une population en liesse brandissant les drapeaux ‘’Bleu-blanc-rouge’’. Deux semaines plus tôt, l’opération Serval avait été lancée par le Président français. Les avions de l’armée française bombardaient Konna, près de Mopti, dont les jihadistes venaient de s’emparer. Dans la foulée, la force Serval déploie ses blindés et ses soldats au sol, jusqu’à 5 000 hommes, et reconquiert en moins d’un mois les grandes villes, occupées depuis près d’un an par Aqmi, Ansar Dine et le Mujao.

Dix ans plus tard, la tableau est tout autre. Serval devenue Barkhane entre temps, n’est plus au Mali et les relations entre les deux pays sont au plus mal. Une situation que déplore François Hollande qui ne regrette malgré tout, pas d’avoir envoyé des soldats français au Mali : ‘’ la décision que j’ai prise au nom de la France en janvier 2013, je ne l’ai pas prise parce que la France avait quelque intérêt au Mali. Je l’ai prise parce qu’il y avait une demande du président par intérim du Mali à l’époque et de la totalité des chefs d’État africains qui nous demandaient, nous imploraient même d’agir pour contenir, repousser une offensive jihadiste qui allait sans doute jusqu’à Bamako… Si nous avons voulu lutter contre le jihadisme, ce n’est pas simplement parce qu’il nous menaçait nous-mêmes, c’est parce qu’il frappait des populations civiles maliennes, puis on le sait maintenant, au-delà du Mali, au Sahel, au Burkina, au Niger et ailleurs.’’ Soutient-il

 La situation sécuritaire aujourd’hui n’est pas reluisante exacerbée selon François Hollande par le retrait des troupes françaises : ‘’alors, ensuite, dès que nous sommes sortis, je n’étais plus président à ce moment-là. Dès qu’il y a eu retrait des forces françaises et d’autres contingents, les jihadistes en ont forcément profité pour agir. Nous leur avons fait subir des pertes très importantes, y compris au niveau de leur direction. Mais dès lors qu’il y a eu le retrait des forces françaises, les jihadistes qui avaient gardé des positions les ont encore élargies et se sont déployés sur d’autres terrains.’’ constate l’ancien dirigeant.

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L’entrée en scène du Groupe Wagner et la détérioration des relations entre Bamako et Paris sont aussi analysées par l’ancien locataire de l’Elysée : ‘’ D’abord, nous, quand nous sommes venus, nous sommes venus avec notre propre drapeau, à l’appel des  autorités du Mali, avec le soutien de tous les pays de la région, et avec aussi la légitimité que nous donnaient les Nations unies, même la légalité que nous donnaient les Nations unies. Aujourd’hui, ce n’est pas un pays qui vient. La Russie ne déclare pas qu’elle est présente par ses propres armées, par ses propres troupes. C’est un groupe privé dont on sait le lien avec le Kremlin. C’est un groupe privé qui vit de l’argent qu’il reçoit ou des prédations qu’il opère sur un territoire. C’est un groupe privé qui ne répond devant aucune instance internationale. C’est un groupe privé dont on ne sait pas comment il est alimenté et qui sont exactement les soldats qui le composent, souvent des repris de justice qui sont là pour des intérêts qui ressemblent à ce qu’on appelait autrefois le mercenariat.’’ Et de poursuivre : ‘’ Je pense que ce groupe, non seulement n’a aucune légalité dans son action, n’a aucun intérêt général à être là, sauf des intérêts très particuliers, et n’est pas efficace pour lutter contre le terrorisme…Je l’ai dit, la France n’est venue que parce qu’elle a été sollicitée. Elle est partie parce qu’elle n’était plus souhaitée. Si les Maliens veulent avoir des relations avec un groupe privé, ça les regarde, avec un État autre que la France, ça les regarde. Mais, à ce moment-là, ils auront à en répondre le moment venu’’ conclut François Hollande.

Boniface T.