Abidjan (© 2023 Afriquinfos)- Mercredi 18 janvier, le Conseil des ministres ivoirien a annoncé la mise en place d’un dispositif incitatif pour favoriser le développement des start-up numériques. Une avancée considérable pour les acteurs du secteur, qui illustre le rôle prépondérant qu’est appelé à jouer le numérique dans l’économie ivoirienne.
«On assiste à un alignement des planètes au niveau national, régional, mais aussi panafricain. Il y a une multiplicité d’initiatives destinées à booster l’entrepreneuriat et à le faciliter». Signée Sidi Mohamed Kagnassi, actionnaire du fonds Goldenrod et administrateur de plusieurs sociétés, l’analyse donne une idée de la fièvre numérique qui s’est emparée de la société et des entreprises de Côte d’Ivoire. Pour l’entrepreneur, « les indicateurs sont au vert (…) et ils iront encore en s’améliorant car les gouvernements comprennent aujourd’hui plus que jamais qu’un climat des affaires optimal, c’est un secteur privé compétitif et donc une économie en bonne santé». Conclusion: «l’Afrique peut devenir le continent du digital. J’en suis convaincu. Et c’est une bonne nouvelle pour nos économies africaines», estime Sidi Mohamed Kagnassi dans les colonnes du magazine Financial Afrik.
Plus de 5,5 milliards de dollars d’ici 2025
Et pour cause : les autorités ivoiriennes viennent de mettre en place un nouveau dispositif destiné à faciliter l’entrepreneuriat numérique. Il s’agira, d’après le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly, d’un «dispositif incitatif constitué, notamment, d’avantages fiscaux et douaniers ainsi que d’autres mesures administratives, d’aides et de facilitation au bénéfice des start-up numériques nationales».
Et ce «depuis la phase de création jusqu’à la phase de développement, quel que soit le secteur d’activité », toujours selon le ministre, qui a dévoilé les contours du projet de loi à la sortie du Conseil des ministres qui se tenait le mercredi 18 janvier. Une annonce qui coïncide avec l’explosion du secteur dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à l’économie émergente, et qui entend donc accompagner et accroître encore la contribution des entreprises du numérique à la richesse nationale.
La place du numérique dans l’économie ivoirienne n’a, en effet, de cesse de progresser. Le nombre d’utilisateurs d’Internet est ainsi passé, en seulement dix ans, de 9% à 34% de la population, alors que le nombre de cartes SIM en circulation a doublé pour atteindre 10 millions. En 2021, le secteur a généré un chiffre d’affaires de près de 2 milliards de dollars, soit l’équivalent de 3% du PIB ivoirien. Et le numérique représente déjà 3.000 emplois directs et plus de 100.000 emplois indirects dans le pays, d’après la Banque Mondiale. Toujours selon l’institution, l’économie numérique pourrait rapporter plus de 5,5 milliards de dollars d’ici 2025, et même plus de 20 milliards à l’horizon 2050. Des perspectives encourageantes, partagées par le gouvernement ivoirien, qui table sur une contribution de l’économie numérique de l’ordre de 10% du PIB en 2025.
Avec «Startup Boost Capital», la Côte d’Ivoire mise sur sa jeunesse
Le président ivoirien Alassane Ouattara ayant placé l’année 2023 sous le signe de la jeunesse, son gouvernement a parallèlement annoncé, le 24 janvier, le lancement d’une autre initiative, elle aussi destinée à financer des projets de jeunes pousses numériques. Baptisé «Startup Boost Capital», le projet doit permettre de financer des start-up grâce à une institution de micro-finance (IFM) accordant des prêts à moyen terme (de douze à soixante mois). Dotée d’une enveloppe globale de 1 milliard de francs CFA (soit environ 1,5 million de dollars), l’initiative ambitionne de financer les entrepreneurs âgés de 18 à 40 ans qui portent un projet technologique. Parce que, comme le rappelle Sidi Mohamed Kagnassi, «(les jeunes) sont les entrepreneurs de demain».
Alors qu’entre 2020 et 2022 les autorités ivoiriennes ont déjà accompagné près de 2.900 jeunes porteurs de projets numériques, mettant sur la table plus de 577 millions de francs CFA, «le gouvernement est résolument engagé à faire de la jeunesse ivoirienne, une jeunesse responsable et accomplie au triple plan moral, civique et professionnel, ayant une culture du travail et de l’entreprise», soutient Amadou Coulibaly.
Et le ministre en charge de l’Economie numérique d’inviter tous les jeunes Ivoiriens qui se découvrent une fibre entrepreneuriale ou technologique à «se mettre au travail». La balle est dans le camp de la jeunesse ivoirienne.
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