Côte d’Ivoire : Blé Goudé  joue à Jean de La Fontaine depuis sa cellule à la CPI

Afriquinfos
4 Min de Lecture

La Haye (© Afriquinfos 2017)- Dans une histoire aux allures d’une fable, l’ancien ministre de la jeunesse de Laurent Gbagba depuis sa cellule à la Haye,  raconte une « histoire d’enfance ». L’histoire parle de la disparition tragique de deux chiens battus injustement à mort : « Toupasse », le chien de son cousin et Wahassêwané celui de son ami. Découvrez quelques extraits.

« Toupasse gardait la cour, il nous préservait de tout danger. Dans le village, notre cour était crainte et nous étions en sécurité grâce à Toupasse. En plus de nous sécuriser et de nous faire respecter, Toupasse était aussi bon chasseur. Quand mon cousin allait à la chasse avec Toupasse, la famille avait l’assurance d’avoir une sauce bien garnie de gros morceaux de viande le soir. Toupasse entrait dans tous les coins de la brousse, dans tous les trous pour nous satisfaire en nous ramenant toute sorte de viandes de brousse : agoutis, rats, biches… Un jour, alors que la femme de mon cousin servait le repas du soir, Toupasse s’est approché, espérant bénéficier d’un bon morceau de viande à la hauteur de ses efforts et de ses services rendus à la famille. Mal lui est pris. Après lui avoir lancé « petit chien impoli et gourmand », la femme de mon cousin a tapé Toupasse d’un coup sec avec sa grosse louche. Mon cousin même a ensuite Tapé Toupasse son chien fidèle avec un gros morceau de bois. Toupasse ne s’est plus jamais remis de ses blessures et de sa douleur. Une semaine plus tard Toupasse est mort. Pour son maitre et sa femme, le rôle de Toupasse était uniquement d’assurer la sécurité de la cour et d’être pourvoyeur de bonne viande à la famille. Il ne devait avoir droit qu’aux os et non à la bonne chair. Toupasse ne l’avait pas compris, Toupasse est mort. Le second fait c’est la mort de Wahassêwané, le chien de mon ami. Mon ami avait faim et sur ses ordres Wahassêwané est allé voler de la viande chez les voisins. L’opération ayant mal tourné, Wahassêwané a été attrapé. Les voisins qui comptaient sur cette viande, ont roué Wahassêwané de coups très violents. Ils ont même envoyé les autres chiens du voisinage contre Wahassêwané. Son maître qui l’avait pourtant envoyé ne s’en n’est pas ému outre mesure. Il n’a même pas apporté assistance et secours à Wahassêwané. Au contraire, il disait au voisin « frappez le bien, ce petit chien voleur. Il met toujours la honte sur moi ». Il parlait ainsi parce que, lui le grand maitre qui a pourtant toujours bénéficié des services de son chien Wahassêwané, personne ne devait savoir dans le village que son nom était associé à une histoire de vol de viande. Wahassêwané aussi est mort suite à ses coups », raconte Blé Goudé qui fait remarquer dans sa petite histoire que tous les chiens du village avaient pleuré toute la nuit après le décès des deux chiens « Toupasse » et « Wahassêwané ».

« La question que je m’étais posée et que je me pose toujours, c’est pourquoi ces chiens pleuraient-ils ? Pleuraient-ils pour la mort de Toupasse et de Wahassêwané ou pleuraient-ils pour le sort qui leur sera réservé plus tard par leur maître respectif ?… Aujourd’hui, je me souviens de cette histoire comme si c’était hier. Quand tous les chiens l’auront compris, peut-être qu’il sera déjà trop tard», a-t-il écrit dans sa publication.

B.A.

- Advertisement -