Côte d’Ivoire: 20 ans de prison pour l’ex-ministre Hubert Oulaye

Afriquinfos
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Abidjan (© Afriquinfos 2017)- Ce mardi 26 décembre, la cour d’assises d’Abidjan a condamné l’ex-ministre ivoirien Hubert Oulaye à vingt ans de prison pour complicité d’assassinat de dix-huit personnes, dont sept soldats de l’ONU. Un verdict accueilli dans un silence de mort.

« C’est une condamnation sans preuve. C’est une condamnation politique », a réagi M. Oulaye, qui a pu regagner son domicile alors que ses avocats promettent un pourvoi en cassation.

L’avocate générale, Mireille Kouassi, avait requis la réclusion à vie pour les deux accusés, Hubert Oulaye, 64 ans, ministre de la Fonction publique de l’ex-président Laurent Gbagbo dans les années 2000, et Maurice Djire, 37 ans, dans le cadre de la mort de ces 18 personnes lors d’une attaque dans l’ouest de la Côte d’Ivoire en juin 2012.

Mme Kouassi assure de manière évidente,  que « Hubert Oulaye a fourni les moyens financiers en vue de l’installation d’une rébellion dans l’Ouest », estimant que « le complice est parfois plus dangereux que l’auteur ».

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« Il ne s’agit pas d’un procès politique (…) juste parce qu’il y a un homme politique (dans le box)! Tenons-nous aux faits. Laissons la politique aux politiciens », a-t-elle dit.

Auparavant, Diomande Vafoungbe, l’avocat de l’Etat ivoirien, partie civile, avait évoqué le contexte de la crise post-électorale qui a fait 3.000 morts après le refus de l’ancien président Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale. « A l’époque, les Libériens disaient: +No Gbagbo, No peace+ (Pas de Gbagbo, pas de paix), » a précisé l’avocat indiquant qu’il y avait des « liens » entre le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Gbagbo, et les mercenaires libériens.

« J’ai honte de la justice ivoirienne. Le dossier est vide », a lancé Rodrigue Dadjé, un des défenseurs du ministre. Pour lui la cour aurait dû prononcer « un arrêt de non-lieu pur et simple. Cette condamnation à vingt ans est une décision politique. Elle est plus faite pour mettre Hubert Oulaye hors d’état de nuire sur le plan politique afin qu’il ne gène pas… ».

« Pour une démocratie comme la nôtre qui veut sortir de la crise post-électorale de 2011, on est en train de créer un précédent extrêmement grave: ceux qui viendront après ce pouvoir vont vouloir faire la même chose en se vengeant. Et on va être dans un cycle infernal de vengeance. On a besoin d’une justice équitable et transparente, pas celle qui rend des condamnations à 20 ans sans élément de preuve », a-t-il conclu.

Pour rappel, M. Oulaye a fait deux ans de détention préventive (mai 2015-juin 2017).

Il avait été arrêté six mois après son retour d’exil du Ghana, et quelques jours seulement après avoir participé à une réunion de « frondeurs » du FPI.

I.N