Conakry chevillée au contenu de la Transition, pas à sa durée (Officiel)

Afriquinfos Editeur
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New York (© 2022 Afriquinfos)- C’est depuis New-York que les dirigeants des États ouest-africains ont décidé de prendre des « sanctions progressives » contre la junte guinéenne, face à leur inflexibilité pour une date de retour des civils au pouvoir.

Les dirigeants de la Cédéao ont menacé les autorités guinéennes « de sanctions plus sévères« , si elles n’acceptaient pas « dans un délai d’un mois, à compter du 22 septembre 2022, une durée de transition raisonnable« . La Cédéao préconise une durée de 24 mois contre celle de 36 mois voulue par la junte guinéenne.

« Nous avons décidé de prendre des sanctions contre la Guinée« , indique une déclaration signée du président de la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Omar Aliou Touray, à l’issue du sommet à huis clos tenu en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Selon le communiqué issu de leur rencontre, la Guinée fait l’objet de « sanctions graduelles au niveau diplomatique, économique et financière« . Ces sanctions comprennent  « le rappel pour consultations » des ambassadeurs des Etats membres de l’organisation sous-régionale, mais surtout « la suspension de toute assistance et transaction financière en faveur de la Guinée par les institutions financières » de la Cédéao ainsi que des sanctions « ciblées à l’encontre des personnes et groupes de personnes » figurant sur une liste déjà établie.

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Conakry propose une durée de 36 mois avant le retour des civils au pouvoir. Une durée inacceptable pour l’organisation sous-régionale. Alors que fin juillet, le président de la Cédéao, Umaro Cissoco Embalo, avait pourtant assuré avoir convaincu la junte de réduire la durée de la transition à deux ans.

Conakry ferme plus que jamais

En réponse aux sanctions de la Cedeao, la Guinée ne semble pas changer de langage. Le président du Conseil national de transition, Dansa Kourouma, assure que la Guinée ne va rien changer à sa politique. Il affirme ainsi : « Sortir la Guinée de l’instabilité démocratique, politique et sociale est une conviction inamovible qu’aucune sanction économique ou financière ne pourra ébranler. Nous avons notre sérénité habituelle car au fond de nous-même, nous sommes sur la bonne trajectoire de l’histoire, qu’une institution qui protège les pourfendeurs de Constitutions dans la sous-région ne saurait détourner ou arrêter. Nous sommes concentrés sur l’héritage politique à léguer à la nouvelle génération. La Cédéao peut geler les avoirs financiers mais pas l’honneur et la dignité des Guinéens. »

Avant même la tenue de réunion à New York, la junte avait déploré le lieu de son organisation. Le porte-parole de la présidence guinéenne, le colonel Amara Camara, a critiqué une réunion tenue « à des milliers de kilomètres » de l’espace sous-régional et un « manque de rigueur« .

La junte s’est répandue jeudi en invectives contre M. Embalo, le traitant de « guignol  » et qualifiant ses propos de « mensonges ».

« Le bon sens et le respect de notre sous-région voudraient que l’on s’abstienne d’organiser des sommets de la Cédéao en dehors des terres d’Afrique de l’ouest« , a indiqué le colonel Amara Camara.

La transition appartient à la Guinée

Ce bras de fer autour de la durée de transition illustre la manière dont le nouvel homme fort de Conakry compte gérer les affaires du pays. Car s’il affirme souhaiter maintenir le dialogue avec la Cédéao, Mamadi Doumbouya considère que la transition est avant tout une question interne.

« Nous tenons beaucoup à la Cédéao dont nous sommes membre fondateur. (…) Nous comprenons qu’elle fasse preuve de fermeté face aux prises de pouvoirs par l’armée mais nous ne sommes pas des politiques, nous venons tout simplement rendre le pouvoir au peuple de Guinée » déclarait-il en avril 2021.

Quelques mois plus tôt, le colonel avait rejeté la tentative de médiation initiée par la Cédéao dans le pays par le biais du diplomate guinéen Mohamed Ibn Chambas. « La nomination d’un envoyé spécial ne nous paraît ni opportune, ni urgente, dans la mesure où aucune crise interne, de nature à compromettre le cours normal de la Transition, n’est observée« , avait-t-il alors déclaré dans un courrier adressé au dirigeant de l’organisation d’alors, le président du Ghana Nana Akufo-Addo.

Vignikpo Akpéné