Haro sur les violateurs de la liberté de la presse en Afrique de l’ouest en 2023

Afriquinfos Editeur
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Accra (© 2023 Afriquinfos)- Le  tableau de la liberté d’expression dans la zone ouest-africaine demeure sombre et préoccupant. C’est ce qu’indique un collectif d’organisations de défense des droits des journalistes, telles que l’Union internationale de la presse francophone (UPF) ou la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA). Ainsi que des organisations de défense des droits de l’Homme, telle que Human Rights Watch et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).

Dans sa 21e édition du « Classement mondial de la liberté de la presse » publié ce 3 mai 2023, « Journée internationale de la liberté de presse », Reporters sans frontières (RSF) souligne une situation difficile au Burkina Faso (58e) où des chaînes internationales ont été suspendues et des journalistes expulsés et plus généralement de la région  du Sahel, qui est en train de devenir une “zone de non-information”. ‘’Modèle régional jusqu’à il y a peu, le Sénégal (104e) perd 31 places, notamment du fait des poursuites dont ont fait l’objet les journalistes Pape Alé Niang et Pape Ndiaye, et de la forte dégradation des conditions sécuritaires des journalistes’’, précise RSF.

Selon la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), ‘’la menace qui pèse sur les droits de l’Homme en général et sur la liberté de la presse en particulier s’est accentuée au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au nord du Nigeria ont conduit à l’adoption d’une série de lois qui restreignent l’espace civique et inhibent la liberté de la presse’’. Pour se faire entendre, Reporters sans Frontières et une trentaine de médias africains et internationaux, dont RFI et France 24, ont publié ce 3 mai 2023 une « lettre ouverte » adressée aux autorités du Burkina Faso et du Mali, mais également à l’ensemble de la communauté internationale.

Refaire parler des médias aphones

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Les signataires de ce texte s’inquiètent des menaces qui planent sur la liberté d’expression et la liberté de la presse. « Les mesures prises par les autorités du Burkina Faso, surtout ces derniers mois, sont de nature à remettre en cause le droit fondamental des citoyens à être informés« , écrivent-ils dans ce texte collectif. « La liberté commence là où finit l’ignorance« , ajoutent-ils, en rappelant les arrestations et les emprisonnements de journalistes et de leaders d’opinion intervenus récemment au Mali.

« Au Burkina Faso comme au Mali, ces attaques sont de plus en plus relayées sur les réseaux sociaux par des ‘influenceurs’ favorables aux régimes militaires de ces deux pays, qui jouent aux justiciers et n’hésitent pas à menacer de mort les journalistes et leaders d’opinion trop indépendants à leurs yeux« , s’alarment encore les signataires de la lettre.

En citant le quotidien burkinabè « L’Observateur Paalga », les auteurs de la lettre ouverte affirment que « l’instauration d’un régime de terreur s’accompagne d’une vague de fake news qui inondent les réseaux sociaux de contre-vérité ». A leurs yeux, « les premières victimes de ces ‘influenceurs’ sont les populations malienne et burkinabè, qui sont privées de débat démocratique. »

Se disant « conscients de leurs responsabilités« , mais aussi de « la complexité politique, géopolitique et militaire » dans ces pays, les 30 signataires affirment: « La lutte contre le terrorisme ne doit en aucun cas servir de prétexte pour imposer une nouvelle norme de l’information et pour restreindre les droits fondamentaux des populations malienne et burkinabè à rechercher et à avoir accès à l’information par le biais des médias professionnels et indépendants« .

La rédaction de cet « appel des trente » a été coordonnée par le Bureau Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières (RSF).

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