Burkina Faso/Coup d’Etat de 2015 : Procès encore renvoyé (en mai), les conseils de la défense et de la partie civile tenaces

Afriquinfos
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OUAGADOUGOU (© 2018 Afriquinfos)- Le procès des 84 présumés auteurs du coup d’Etat de septembre 2015 qui a failli empêcher la transition d’aller à son terme au Burkina Faso a de nouveau connu un nouveau renvoi, sans que le fond dans cette affaire n’ait encore été abordé. Ouvert en février dernier, ce procès promet donc de nouveaux rebondissements.

 

C’est la renonciation de 14 avocats à défendre leurs clients qui a conduit ce 06 avril le président du Tribunal de Ouagadougou, Seydou Ouédraogo à renvoyer cette audience. Le 30 mars dernier, les avocats de la défense s’étaient déjà retirés de ce procès, après le rejet de la liste de leurs témoins.

«La justice du Burkina Faso ne veut pas d’un procès équitable dans ce dossier», a clamé à l’AFP Me Christophe Birba (conseil de trois accusés dont l’ancien bâtonnier, Mamadou Traoré) pour justifier le geste de renoncement des avocats de la défense. Et Me Birba d’insister : «Le juge doit accepter sa récusation et la question des témoins de la défense, pièce maîtresse du dossier, doit être revue si on veut la vérité».

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D’autres de ses collègues ont dénoncé «de nombreuses irrégularités dans la procédure et des conditions pas réunies pour un procès équitable» pour se justifier. Une désignation de nouveaux avocats pour les accusés concernés par cette renonciation de leur conseil devra s’opérer avant la poursuite de ce procès. Toutes choses pour lesquelles le magistrat Ouédraogo va «saisir le bâtonnier» du Burkina Faso.

De nouvelles empoignades en perspective à la reprise

«On s’y attendait (…) car ça rentre dans la droite ligne de la stratégie de la défense, mais nous restons sereins. Nous sommes persuadés que ce procès aura lieu et on saura qui a fait quoi et celui qui doit prendre une sanction la prendra», a réagi au micro de l’AFP Me  Prosper  Farama (l’un des avocats de la partie civile) après le nouveau report de l’audience de cette fin de semaine. Des avocats de la défense avaient introduit une demande de récusation du président du tribunal Seydou Ouédraogo, aux motifs qu’il a déjà travaillé sur ce dossier en 2016 et a été nommé par le ministre de la Justice, René Bagoro, qui s’est constitué partie civile au procès.

84 personnes sont jugées dans cette affaire, dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé (personnages clés du régime de Blaise Compaoré entre 1987 et 2014), cerveaux présumés du coup d’État manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés. Ces présumées coupables sont poursuivies pour «attentat à la sûreté de l’État, meurtres, coups et blessures volontaires».

 

Par Xavier Gilles avec AFP