Bénin : Les pouvoirs publics invités à faire de la fiscalité du tabac un instrument de santé publique

"La société civile antitabac du Bénin réclame à court terme uneaugmentation des droits d'accises à 45% comme l'autorisent les règlements de l'UEMOA, et à moyen terme, une profonde réforme de la politique fiscale au niveau national et régional", a confié mercredi à l'agence Xinhua le président de l'ONG béninoise, Initiative pour l'éducation et le contrôle du Tabac, Augustin Faton.

Cette réforme, a-t-il expliqué, devrait conduire à la mise en application d'un système de taxation simple, basé sur une taxe spécifique s'appliquant de manière uniforme sur les quantités de produits de tabac fabriqués ou importés.

"Cette taxe sans seuil maximal doit pouvoir constituer au moins les deux tiers du prix de vente au détail des cigarettes, tel que le préconise l'Organisation mondiale de la Santé", a-t-il indiqué.

Il a estimé que, pour un meilleur impact sur la consommation, la nouvelle taxe doit pouvoir s'ajuster à l'inflation et tenir compte de l'augmentation du pouvoir d'achat des consommateurs.

"Il est capital que la taxation du tabac soit perçue comme une politique globale basée sur des mesures légales, réglementaires et administratives complémentaires et cohérentes permettant de réduire la consommation du tabac au Bénin", a affirmé M. Faton.

En effet, a-t-il souligné, si certaines mesures, comme l'interdiction de publicité, de promotion et de sponsoring et l'affichage des avertissements sanitaires sur les conditionnements des produits du tabac, sont de nature à contrôler l'offre des cigarettes et autres produits du tabac, l'augmentation des taxes reste la mesure la plus efficace pour réduire la demande de ces produits car elle agit directement sur les prix et réduit la capacité des populations à faible revenu d'acquérir les produits du tabac.

"Les politiques de taxation du tabac permettent aussi d'augmenter les revenus de l'Etat. Les revenus tirés des taxes sur les produits du tabac peuvent ainsi servir à couvrir certains coûts économiques de la consommation du tabac", a-t-il préconisé.

 

LES MEFAITS DU TABAC TOUCHENT AUSSI LES FINANCES

 

"En 2007, plus de six milliards de francs CFA ont été dépensé par les familles de fumeurs au Bénin pour acquérir des produits du tabac", a-t-il regretté, révélant que plus de 500 millions de tiges de cigarettes sont consommées chaque année au Bénin. " Paradoxalement au Bénin, où une personne meurt chaque semaine des suites d'une maladie causée par le tabac, la consommation de ce produit nocif à l'organisme progresse", a-t-il déploré.

Pour ce membre de la société civile antitabac du Bénin, la santé et les finances de l'individu fumeur et de sa famille sont largement et négativement influencées par la consommation du tabac.

Cette influence négative, a-t-il souligné, ne s'observe pas uniquement au niveau des familles, mais aussi au niveau de l'Etat béninois.

"L'OMS a estimé dans un rapport publié en 2008 que toutes les taxes prélevées sur un paquet de 20 cigarettes ne représentent qu'environ 21% du prix au détail payé par les consommateurs. Ce qui signifie que pour un paquet de cigarettes vendu à 500 FCFA, l'Etat béninois ne perçoit que 102 FCFA", a-t-il expliqué.

De même, a-t-il cité, le profil-pays du Bénin en matière de taxation du tabac établi par la CEDEAO révèle que de 2006 à 2011, les évacuations sanitaires prises en charge par l'Etat pour des maladies dont le tabac est le principal facteur à risque ont coûté plus de 7 milliards au contribuable béninois.

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