Bénin : les réformes économiques du président Talon créent des indignations

Afriquinfos
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Cotonou (© Afriquinfos 2017)-Les réformes économiques lancées depuis un an par le président Patrice Talon suscitent de vives colères et inquiétudes au Bénin. Cependant, les détracteurs du président  dénoncent des « privatisations sauvages » dans des secteurs clés comme le port de Cotonou et la filière coton.

Surnommé « le roi du coton », l’ancien homme d’affaire, a après son élection en mars 2016,  promis de relancer l’économie béninoise, essentiellement basée sur l’agriculture et le commerce de transit vers les pays voisins comme le Niger et le Nigeria.

Mais ses réformes libérales sont source de mécontentement dans le pays, d’où l’appel des mouvements sociaux prévus cette semaine.

L’huile a été rajoutée au feu, suite à la décision du gouvernement de confier la gestion du port de Cotonou, poumon économique du pays, à un mandataire privé.

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Cette mesure « vise à positionner le port de Cotonou comme un modèle de référence dans la sous-région, ce qui implique un travail de modernisation, gage d’une meilleure performance » indique la présidence béninoise.

Le port de Cotonou, qui rapporte 80% des recettes fiscales du Bénin, a connu ces dernières années de nombreux aménagements visant à améliorer sa productivité. Mais il peine à rivaliser avec les ports voisins de Lagos, Abidjan ou Douala qui eux aussi se modernisent, et a vu son trafic chuter 10,5 millions de tonnes de marchandises en 2014 à 8,7 millions en 2016.

Patrice Talon « incarne une nouvelle génération de chefs d’Etat africains qui partagent une conception économique libérale marchande », analyse Benjamin Steck, spécialiste des ports ouest-africains et professeur émérite à l’université du Havre, en France. Une génération qui a bien compris que les multinationales comme le groupe français Bolloré, omniprésent dans les ports francophones, « ont les capitaux, les réseaux mondialisés et les compétences » pour rendre leurs grandes infrastructures plus compétitives.

Cela réclame des investissements colossaux, alors que bien souvent « les Etats n’ont pas les moyens », poursuit M. Steck.

Cotonou nie toute intention de privatisation

La présidence assure qu' »il ne s’agit ni d’une privatisation, ni d’une concession », et que le mandataire restera soumis à un « cahier des charges » sous la tutelle du ministère des Transports.

Mais les syndicats de la plateforme portuaire, une société publique, disent craindre pour l’emploi et sont vent debout contre cette « privatisation déguisée ».

Une grève de deux jours est prévue dès jeudi, alors qu’un appel public à candidature a été lancé le 19 mai pour le recrutement du mandataire.

Interrogée sur les candidats potentiels, la présidence a répondu: « nous sommes encore au début du processus, et nous n’avons pas plus d’information ».

I.N