Afrique de l’ouest: Boko Haram s’affaiblit au Nigeria, mais aussi au Niger

Afriquinfos
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Niamey (Afriquinfos 2016) – Les autorités  ont annoncé mardi dernier de nombreuses désertions au sein de la secte islamiste. Il s’agit  d’une trentaine de combattants de la région de Diffa  (sud-est) qui perpètrent des attaques  sanglantes depuis 2015…

 

C’est Bazoum Mohamed, le ministre de l’Intérieur qui a annoncé la nouvelle. En visite à Diffa, ville frontalière avec le nord-est du Nigeria, il a signalé que de jeunes combattants islamistes ont déposé les armes et se sont rendus. Une première «capitulation» de Boko Haram au Niger. «Trente-et-un jeunes de Diffa enrôlés il y a quelques années dans les effectifs de Boko Haram ont fait reddition», a-t-il annoncé. Parmi eux, il y a vingt-six (26) hommes et quatre (04) femmes dont une d’origine nigériane.

Selon une source à Diffa (la région est très pauvre et  doit encore supporter plus de 300.000 réfugiés et déplacés), ces combattants «se sont rendus un à un et sont actuellement retenus dans un centre sécurisé». Pour la même source, une amnistie devrait leur être accordée. Elle précise que ces islamistes bénéficieront d’abord d’un «programme de déradicalisation et de projets de réinsertion socio-économique», avant de rejoindre leurs familles. Mais cette assistance subite cacherait un laxisme des autorités nigériennes. En effet, si l’on en croit une révélation d’un responsable nigérien, la filière jihadiste était connue des autorités gouvernementales.

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Déjà en janvier 2015, une autorité municipale de la ville de Diffa avait alerté sur l’appât que Boko Haram tend surtout aux jeunes nigériens. Il  a révélé que le ralliement massif  à la secte islamiste est dû à l’argent. «De nombreux jeunes (…) de plus en plus attirés par les offres de Boko Haram qui leur propose jusqu’à 300.000 francs CFA par mois (environ 500 euros par mois)», avait indiqué le responsable local. «Certains reviennent avec de l’argent pour subvenir aux besoins de leurs familles et cela tente d’autres encore», craignait-il. Mais visiblement, l’empêchement de la «ruée» des jeunes vers la secte fondamentaliste a été très tardif.

Boko Haram en déroute

L’Etat islamique perd énormément du terrain face à la coalition internationale. Signe annonciateur du déclin? Il serait trop tôt de crier victoire sur «ces forces du mal» qui  sèment le chaos sur leur passage. La même déroute se ressent au niveau de  Boko Haram qui a fait allégeance à Daesh. Une guerre de leadership mine la secte islamiste. Elle  enregistre des désertions et des revers aussi. Il faut souligner la libération progressive par l’armée nigériane de jeunes lycéennes enlevées et la famine qui menace les jihadistes. Des signes qui montrent que les jihadistes n’ont jamais été aussi fragilisés. La débandade et l’usure semblent les gagner.

Cette fragilité ne saurait occulter la synergie d’actions menées par certains Etats pour bouter hors du continent cette pieuvre islamiste. En effet, en juillet dernier, le Niger, le Tchad et le Nigeria avaient lancé simultanément des «opérations de ratissage» contre les bastions de Boko Haram. En octobre 2016, les autorités nigériennes s’étaient réjouies des raids menés contre les jihadistes. Selon elles, les «opérations avaient donné des résultats décisifs, notamment en libérant plusieurs localités autrefois occupées par Boko Haram».

Elles se sont réjouies que les opérations aient permis de «désorganiser le flux logistique» des combattants islamistes. Toutefois, le Niger est sous  la menace de groupes terroristes maliens. En octobre dernier, vingt-deux (22) soldats nigériens avaient été tués lors d’une attaque jihadiste contre un camp de réfugiés maliens à Tazalit, à 300 km au nord-est de Niamey, la capitale.

 

Anani  GALLEY