Les tensions autour de Kidal risquent de ressusciter les affrontements au nord-Mali

Afriquinfos Editeur
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Kidal (© 2023 Afriquinfos)-  La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a dénoncé comme une  ‘’provocation’’, mercredi 5 avril, le survol de la ville stratégique de Kidal qui est sous son contrôle, et de ses environs. Un survol effectué selon elle par des avions de l’armée nationale…

L’ex-rébellion touareg du nord du Mali accuse des avions de chasse de l’armée malienne d’avoir survolé la ville stratégique de Kidal, sous son contrôle. Ces survols similaires ont également eu lieu à Ber, Anefif et Amassine. Un avion de chasse de l’armée malienne a mené des rotations, à basse altitude, au-dessus de Kidal. Il n’y a eu aucune frappe, mais les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad ont néanmoins répondu par des tirs de sommation.

Cet incident est intervenu la veille d’une date symbolique: l’anniversaire de la proclamation unilatérale des ex-rebelles indépendantistes de la CMA, signataires de l’accord de paix de 2015, et dont Kidal est le fief.

Dans un communiqué publié mercredi 05 avril après-midi, la CMA ‘’décline toute responsabilité et conséquences issues de tels agissements’’.

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Selon Rfi, plusieurs cadres de la CMA ont estimé qu’il s’agissait d’une manœuvre d’intimidation à la veille du onzième anniversaire (jeudi 6 avril 2023) de la proclamation d’indépendance de l’Azawad. Un rassemblement était prévu à Kidal pour l’occasion à 13 heures. ‘’Ils ont tenté d’intimider les populations pour qu’elles ne participent pas, estime un cadre de la CMA, mais cela ne marchera pas.’’ ‘’C’est un acte hostile, estime un cadre de la CMA, puisque ces avions ont survolé par surprise des zones sous contrôle de la CMA’’.

Un accord de paix davantage flottant

L’accord de paix de 2015 est aujourd’hui mal en point, faisant craindre une reprise des hostilités entre les anciens rebelles et l’armée malienne. Malgré le cessez-le-feu de 2014 et l’accord de paix de 2015, la tension est actuellement au plus haut entre les groupes armés signataires et les autorités maliennes de Transition, qui ne se parlent plus depuis des mois et se renvoient mutuellement la responsabilité des blocages dans l’application de l’accord de paix. Beaucoup craignent une reprise des hostilités, que le médiateur algérien s’efforce d’éviter.

La célébration de l’anniversaire d’indépendance de l’Azawad, en 2012, est chaque année perçue comme une provocation à Bamako. Pourtant le porte-parole de l’armée malienne, le colonel Souleymane Dembélé, assurait en début de semaine qu’’’aucune action néfaste ne serait entreprise à l’égard de Kidal’’, et que les relations entre l’armée et les groupes armés signataires s’inscrivaient bien dans le cadre de l’accord de paix. Et surtout que l’armée n’avait pour cible que les groupes terroristes.

La mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) s’est dite mercredi soir ‘’préoccupée’’ par la montée des tensions entre les parties signataires de l’accord de paix de 2015. Elle a assuré avoir entrepris des démarches pour relancer le processus de mise en œuvre dudit accord et a appelé les différentes parties à ‘’la plus grande retenue’’ et à leur coopération. Elle en outre réitéré l’appel lancé par la Médiation internationale lors de sa réunion du 13 mars 2023, pour que les parties fassent preuve de la plus grande retenue, afin de faciliter les efforts en cours visant à relancer le processus de mise en œuvre de l’Accord de paix.

La MINUSMA rappelle dans le même sens que l’Accord reste le cadre le plus viable pour le retour durable à la paix et à la sécurité, et le règlement des causes profondes de l’instabilité récurrente dans le Nord du pays, et ce dans le strict respect de l’unité du Mali, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.

V. A.