Présidentielle au Niger : Bazoum, le fidèle lieutenant d’Issoufou, en haut de l’affiche

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture
Presidential candidate for the Nigerien Party for Democracy and Socialism (PDNS) Mohamed Bazoum gives a speech during a campaign rallye in Diffa on December 23, 2020, ahead of Niger's December 27 presidential and legislatives elections (AFP).

« Bazoum, le travailleur, le bosseur. L’homme des gens de la campagne et des pauvres. Frère d’Issoufou », dit une des chansons hagiographiques écrites sur commande pour sa campagne à la présidentielle de dimanche au Niger.

Dauphin désigné du président Mahamadou Issoufou dont il est un ami de longue date, Mohamed Bazoum a été son bras droit pendant ses dix ans au pouvoir. Il est longtemps resté dans l’ombre, s’occupant souvent de taches ingrates comme l’appareil du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, dont il est un des membres fondateurs comme Issoufou) mais aussi en jouant les fidèles lieutenants comme ministre de l’Intérieur ou ministre d’Etat à la présidence lors de la réélection d’Issoufou en 2016. Il connaît le Niger sur le bout des doigts : cette année pour sa campagne il a sillonné en six mois le pays en long et en large, se rendant selon ses proches dans 240 des 266 communes du pays. « Je connais les problèmes de chaque commune », assure-t-il.

Né en 1960 à Bilabrine dans la région de Diffa (Sud-Est), Bazoum est arabe, une ethnie minoritaire au Niger, ce qui lui vaut aujourd’hui des accusations sur ses origines « étrangères ». Pendant ses meetings, ce héraut de l’unité nationale en joue en demandant à ses supporters : « On dit que Bazoum n’est pas Nigérien? » Et la foule lui répond: « Tu es Nigérien ».

Mais en privé, l’histoire l’agace : « Tout le monde a des origines quelque part ! Ils n’ont pas de programme alors ils jouent sur ce tableau. Ce sont des comploteurs », confie le candidat.

- Advertisement -

– « Au-dessus du lot » –

Après des études à Gouré (Sud-Est), puis à baccalauréat Zinder (Sud), il part étudier la philosophie au Sénégal où il s’ancre à gauche. Il revient au pays pour enseigner. Aujourd’hui, il fait de l’éducation un de ses chevaux de bataille, estimant qu’il faut non seulement recruter des enseignants mais aussi et surtout améliorer leur qualité. Syndicaliste, il commence sa carrière politique dans les années 1990 aux côtés d’Issoufou avec qui il crée le PNDS.

Il fait de la prison pour ses activités sous la présidence d’Ibrahim Mainassara, puis poursuit sa carrière de député tout en occupant des postes de secrétaire d’Etat et de ministre, avant de devenir un des grands opposants au président Mamadou Tandja. Un des artisans de la victoire d’Issoufou en 2011, il devient ministre des Affaires étrangères, puis de l’Intérieur, avant de quitter ses fonctions il y a six mois pour se consacrer à sa campagne.

« Au niveau intelligence, il est au-dessus du lot par rapport à la moyenne et par rapport aux autres candidats », affirme une source occidentale. « C’est un travailleur mais il est peut être sec et rugueux », assure une autre source, rappelant son passage à l’Intérieur. Lui se défend : « Il faut demander à mes collaborateurs. Je ne suis pas lunatique et je suis accessible. Il n’y pas de hiérarchie dans mon staff ».

Sous M. Issoufou, on dit de lui qu’il est le vrai numéro deux de l’Etat, devant le Premier ministre Brigi Rafini, qu’il gère toutes les affaires sensibles et qu’il est consulté sur tous les dossiers, de la diplomatie à l’économie, mais particulièrement sur les questions sécuritaires. Il revendique aujourd’hui l’héritage, assurant qu’il « marche dans les pas d’Issoufou ». « Si je suis élu, je serai opérationnel tout de suite », martèle-t-il à chaque meeting.