Raila Odinga, un opposant contestataire de scrutins jusqu’au bout

Afriquinfos Editeur
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Parcours politique de Raila Odinga.

L’opposant historique Raila Odinga, candidat malheureux à la présidentielle kényane la semaine dernière, a annoncé samedi dernier un recours en justice après les résultats du scrutin, qu’il a qualifiés de « blague » après la victoire du vice-président sortant William Ruto.

Raila Odinga le 16 août 2022 lors d’une conférence de presse à Nairobi au Kenya.

Lundi dernier, après six jours d’interminable attente pour les 50 millions de Kényans, le président de la Commission électorale indépendante (IEBC), organe indépendant apparu profondément divisé, a annoncé la victoire de William Ruto à 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga. M. Odinga a rejeté le mardi suivant ces résultats.

Lundi soir, à la surprise générale, quatre des sept commissaires de l’IEBC avaient rejeté les résultats quelques minutes avant leur annonce, reprochant à Wafula Chebukati, le président de l’IEBC, sa gestion « opaque » et son absence de concertation.

« Nous voulons que justice soit faite pour que la paix puisse être trouvée », a déclaré samedi dernier M. Odinga depuis son domicile de Nairobi après une rencontre avec des dirigeants religieux. « Nous avons décidé d’utiliser la loi pour aller devant la Cour suprême (…) pour montrer que ce n’était pas une élection mais une blague », a-t-il ajouté.

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Cette élection constitue une cinquième défaite dans un scrutin présidentiel pour M. Odinga, même si sa candidature a été soutenue cette année par le président sortant Uhuru Kenyatta et le parti au pouvoir. Aucun scrutin présidentiel n’a été exempt de contestations au Kenya depuis 2002 et les contentieux ont parfois mené à des affrontements sanglants.

En août 2017, la Cour suprême avait annulé l’élection présidentielle après le rejet de la victoire de M. Kenyatta par M. Odinga. Des dizaines de personnes avaient été tuées par la police dans des manifestations.

Les suites du scrutin de cette année ont été suivies de près, considérées comme un test de maturité démocratique dans ce pays qui possède l’économie la plus forte d’Afrique de l’Est. En 2007, dans une élection elle aussi très serrée, M. Odinga avait également, sans aller devant la justice, refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l’histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements interethniques.

La Cour suprême dispose de 14 jours pour rendre sa décision sur le recours d’Odinga. Si elle ordonne l’annulation, un nouveau scrutin doit être organisé dans les 60 jours. « Nous faisons cela pour défendre la démocratie et notre pays », a dit M. Odinga.