Idylle Ouganda-Geoffrey Oryema: Quand l’amour du bercail l’emporte sur 40 ans d’exil

Afriquinfos
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Kampala (Afriquinfos 2016) – Fils d’un ancien ministre du dictateur Idi Amin Dada, Geoffrey O. a fui son pays après l’assassinat de son père. C’était dans un coffre de voiture que le chanteur très connu en France  pour son titre «Ye Ye Ye» qui l’a révélé au grand public, avait quitté l’Ouganda sous la dictature sanglante d’Idi Amin Dada.  Geoffrey Oryema avait 23 ans à l’époque…

«Il était temps». Ce sont les premiers mots du chanteur lorsqu’il a foulé le sol du pays qui l’a vu naître. «Il faut avancer. Il était temps. J’avoue (…), quand on a atterri à Entebbé, il s’est passé quelque chose en moi. L’opposé de ce qu’il s’était passé, il y a 40 ans. Cette fois-ci, j’ai senti une force tranquille qui m’a parlé», a-t-il décrit lors de la Conférence de presse qu’il a donnée quelques temps après.

Sa décision de renouer avec ses origines après «Exile» (nom de son 1er album en date), le nom de son album, fait suite au  devoir de mémoire des nouvelles autorités ougandaises. Elles ont reconnu l’assassinat d’Erinayo Wilson Oryema, le père de Geoffrey. Très ému par ce retour, il a prévu donner un concert à Kampala, la capitale et se recueillir sur la tombe de ses parents.

La musique de Geoffrey Oryema  est  influencée par  son pays. Il chante en acholi, sa langue maternelle, en kiganda, en lingala, en français et en anglais. Même très loin de sa terre natale, il suit les événements notamment le procès d’Ongwen (enfant soldat) à la Cour pénale internationale de la Haye. «J’ai suivi un petit peu le procès d’Ongwen. Dans mon dernier album, il y a une chanson en forme d’une lettre que j’adressais au commandant Joseph Kony. Ça m’a presque coûté la vie. J’ai reçu des menaces de mort. Dans cette lettre, je n’accuse pas Joseph Kony, mais je voudrais savoir pourquoi les enfants de 4, 5, 6, 7, 8 ans, ont des kalachnikovs. Tous ces enfants sont aujourd’hui adultes et leur vie est foutue», a-t-il dit. Le chanteur a également laissé entendre que son prochain album sera teinté de son séjour au pays, après 40 ans d’exil.

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Une vie, un parcours, un artiste

Né le 16 avril 1954 à Soroti en Ouganda, Geoffrey Oryema est un musicien, auteur-compositeur et chanteur de rock/world music. Il s’est réfugié en France en 1977  après l’assassinat de son père. Etabli à Lillebonne (Seine-Maritime) en 1989 en France, il  s’est marié et est naturalisé français peu après. Son premier album «Exile» sorti en 1990 est produit par  Brian Eno, et édité par le label «Real World» par Peter Gabriel. Il utilise les instruments traditionnels africains dont la kora, la nang et le lukeme  dans ses chansons. Pour autant, le chanteur ougandais ne déteste pas la guitare électrique et les instruments rock.

Geoffrey Oryema a fait de nombreuses collaborations dont celle avec Tonton David et Manu Katché pour la bande originale du film «Un Indien dans la ville». La chanson du film «Chacun sa route», a connu un énorme succès et permis à Tonton David d’avoir une large audience auprès du public français et international.

En 2006, son fils Oceng Oryema l’a accompagné sur scène. Quatre (04) ans plus tard, Geoffrey Oryema enregistre «From the heart» avec Tony Levin et Alex Swift  en Russie. Le chanteur ougandais a également donné des concerts aux Etats-Unis, Brésil, Japon et dans plusieurs pays d’Europe. Il a plusieurs albums à son actif dont «Beat the Border», «Night to night», «Spirit», «Words», entre autres.  A l’image de Richard Bona et de Lokua Kanza, Geoffrey Oryema s’affirme  comme un artiste africain talentueux sur la  scène musicale internationale !

Anani  GALLEY