Diplomatie/ Une visite du président de l’Erythrée, Afeworki en Ethiopie pour receler les liens

Afriquinfos
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l’arrivée du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ce dimanche à Asmara

Addis-Abeba (© 2018 Afriquinfos)-Renforcer le rapprochement avec Addis-Abeba c’est la promesse faite par le  président de l’Érythrée, Issaias Afeworki, lors de sa visite historique de trois jours entamée ce samedi en Éthiopie, après vingt ans d’hostilité entre les deux voisins de la corne de l’Afrique.

Reçu avec tous les honneurs, (garde militaire, danses traditionnelles et tapis rouge), M. Afeworki a  laissé entendre : « nous ne sommes plus les peuples de deux pays. Nous sommes un », a-t-il lancé devant les élites politiques et culturelles réunies dans un palais de la capitale éthiopienne construit à une époque où les deux voisins formaient une même nation.

« Nous irons de l’avant ensemble », a poursuivi le chef de l’État érythréen au premier jour de sa visite en marge de laquelle il est prévue l’ouverture d’une ambassade d’Érythrée dans la capitale éthiopienne.

A son arrivé, le président érythréen a été accueilli par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. Les deux dirigeants ont partagé rires et embrassades lors d’un déjeuner officiel où Abiy Ahmed a assuré que le chef de l’Etat érythréen était « bien aimé et respecté par le peuple éthiopien à qui il avait manqué ».

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Après avoir déjeuné ensemble, les deux dirigeants ont pris un vol pour Hawassa (sud) pour une  importante visite dans un parc industriel. Un dîner officiel a été organisé pour l’occasion dimanche, ainsi que la réouverture de l’ambassade érythréenne selon la radio-télévision éthiopienne Fana. Les vols directs entre les deux pays doivent quant à eux reprendre la semaine prochaine.

La visite du président de l’Erythrée en Éthiopie intervient une semaine après le déplacement de Abiy Ahmed à Asmara qui a permis de concrétiser une initiative de paix lancée par le chef du gouvernement réformateur d’Addis-Abeba, arrivé au pouvoir en avril dernier.

Vingt années de guerre

Un désaccord sur la frontière commune de l’Éthiopie et l’Érythrée a provoqué de 1998 à 2000 une guerre conventionnelle entre les deux pays et qui a couté la vie à quelque 80 000 personnes. Ensuite face au refus de l’Ethiopie d’appliquer en 2002 une décision d’une commission soutenue par l’ONU sur le tracé de la frontière a fait naître une longue animosité entre les deux nations.

Mais en juin dernier, Abiy Ahmed a annoncé la volonté de l’Éthiopie d’appliquer un accord de paix signé en 2000 à Alger avec l’Érythrée et les conclusions, deux ans plus tard, de la commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière.

Le ministre érythréen de l’Information Yemane Gebremeskel de son côté a déclaré, « quelqu’un peut-il trouver les mots justes pour décrire l’intensité du sentiment populaire dans les deux pays, la profondeur et la signification des changements prometteurs à l’œuvre dans la région ! », a-t-il écrit sur son compte twiter.

Pour sa part Amnesty International souhaite que la paix soit aussi un catalyseur de changements en Erythrée, où des milliers de gens « languissent en détention pour avoir simplement exprimé leur opinion ».

Aussi l’ONG qui lutte pour le respect des droits de l’homme a appelé à la fin du service militaire illimité qui était justifié à Asmara par l’état de guerre avec l’Éthiopie. Une décision qui a provoqué l’émigration de centaines de milliers de jeunes Érythréens, notamment en Europe.

Vignikpo Akpéné