Ces déclarations de Kagame au Bénin connectées aux nouvelles rodomontades du M23

Afriquinfos Editeur
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Cotonou (© 2023 Afriquinfos)- D’après Paul Kagamé, le mouvement M23 n’est pas à l’origine de la crise sécuritaire actuelle qui sévit dans l’est de la RDC. Selon le président rwandais, cette insécurité à laquelle fait face son voisin, provient plutôt des frontières qui ont été tracées à l’époque coloniale, dit-il, estimant que le Congo actuel avait reçu une partie du Rwanda.  

S’exprimant lors de son récent séjour au Bénin (14-16 avril), au cours d’une conférence de presse, M. Kagamé a affirmé qu’ ‘’une partie du Rwanda a été donnée au Congo et à l’Ouganda’’. Et de justifier son propos : ‘’En ce qui concerne le M23, les Congolais ont bénéficié de l’héritage rwandais, les frontières qui ont été construites durant la période coloniale ont affecté et divisé nos peuples. C’est évident. Vous pouvez remonter dans l’histoire’’, a-t-il dit.

Des propos qualifiés de ‘’ nouvelle provocation’’ par le gouvernement congolais. ‘’Le président Kagame a transgressé l’histoire. Ce qu’il n’a pas dit, c’est que c’est lui qui est à la base et la cause de tous les problèmes que nous avons à l’Est depuis plus de vingt ans’’, a affirmé en réplique le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de Tsisekedi, Patrick Muyaya

Historiquement compliquées, les relations entre les deux voisins sont exécrables depuis la résurgence fin 2021 du M23 (Mouvement du 23 mars), une rébellion majoritairement tutsi que Kinshasa affirme soutenue par Kigali avec pour objectif de s’accaparer les richesses de l’Est congolais.

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Inactif depuis 2013, le M23 a refait surface en novembre 2021, à la surprise générale, et a régulièrement progressé depuis cette date, jusqu’à occuper une grande partie du Nord-Kivu. Il est principalement actif sur le territoire de Rutshuru, à environ 70 kilomètres au nord de Goma, où il a attaqué des routes et des villages.

Difficiles négociations entre le M23 et Kinshasa

En novembre 2022, se tenait à Nairobi, la troisième phase des pourparlers sur la question sécuritaire dans l’est de la RDC. Les représentants de plusieurs groupes armés actifs dans cette partie du Congo étaient présents. Mais le M23, lui, n’avait pas été invité à la table des négociations. Kinshasa exigeait en préalable que le groupe rebelle respecte un cessez-le-feu et qu’il se retire des zones qu’il occupe dans le Nord-Kivu. Ce que le M23 a refusé disant attendre des négociations avec les autorités congolaises pour résoudre le conflit armé.

Pour Kinshasa, pas question de négocier avec ‘’le mouvement terroriste’’ : le porte-parole Patrick Muyaya l’a assuré en novembre devant la presse. ‘’Au sujet de la question du M23, c’est catégorique pour nous : il est hors de question de négocier avec le mouvement terroriste. Il ne faut pas qu’on se fasse des illusions là-dessus. De toute façon pour nous le M23 n’existe pas : c’est une entité qui existe parce que le Rwanda veut que le M23 existe’’, a-t-il rassuré.

De son côté, le M23 affirme désormais qu’il veut faire pression sur Kinshasa pour qu’il respecte les accords antérieurs, qui prévoient notamment des amnisties pour les combattants retournant au Congo, et déclare plus généralement défendre les intérêts des Tutsis congolais.

En mars dernier, l’ex-président français Nicolas Sarkozy  très proche de Paul Kagamé s’était rendu en RDC chez  Félix Tshisekedi, alors que les relations entre le Rwanda et la RD Congo sont exécrables. Selon l’entourage  de M.  Tshisekedi l’ancien président français a proposé à son hôte de faciliter une rencontre avec le dirigeant rwandais.

Ce dernier ne s’y est pas opposé, mais il a tout de même rappelé les demandes qu’il a déjà formulées : le retrait du M23 du territoire congolais et le retour des réfugiés. Nicolas Sarkozy n’a pas insisté, mais il s’est étonné de la forte dégradation des relations entre Kigali et Kinshasa, alors que le début du mandat de Félix Tshisekedi avait été marqué par un rapprochement avec Paul Kagame.

Vignikpo Akpéné