Cameroun : L’ex first lady, Germaine Ahidjo, enterrée au Sénégal tout comme son époux

Afriquinfos Editeur
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Dakar (© 2021 Afriquinfos)- Trente-deux ans après son époux, la première first lady du Cameroun vient à son tour de succomber à une longue maladie, dans la nuit du 19 au 20 avril à l’hôpital principal de Dakar. Selon des sources proches de la famille, elle devrait être enterrée dès ce 20 avril aux côtés de son mari décédé lui le 30 novembre 1989 et qui repose au cimetière musulman de Yoff, à Dakar.

L’état de santé de Germaine Habiba Ahidjo s’était aggravé il y a une dizaine de jours et elle avait dû être admise à l’hôpital principal de Dakar. Elle était suivie par le médecin personnel du président sénégalais, Macky Sall.

Dépositaire du testament du tout premier président camerounais, Ahmadou Ahidjo, Germaine Ahidjo aurait ainsi passé 38 années en exil, dont 32 à lutter pour le retour de la dépouille de son défunt époux dans sa ville natale de Garoua, dans le nord du Cameroun. Cette question aura été l’épineuse discorde entre les autorités camerounaises et la famille de l’ex-dirigeant, à laquelle aucun accord n’a pu été trouvé.

Yaoundé assurait qu’Ahmadou Ahidjo avait été réhabilité et que le retour de sa dépouille ne dépendait que de sa famille. Comme pour montrer ses bonnes intentions, l’actuel chef de l’État, Paul Biya, s’était rapproché de certains des enfants Ahidjo, notamment d’Aminatou et de Badjika, nommés respectivement présidente du conseil d’administration du Palais des congrès (PCA) et ambassadeur itinérant à la présidence de la République.

Mais jusqu’à sa mort, Germaine Ahidjo n’a cessé d’affirmer qu’elle ne rentrerait au pays que lorsqu’elle aurait la certitude que son mari y serait enterré avec les honneurs dus à un ancien chef d’Etat. « En tant que Mme Ahidjo, je ne me vois pas rentrer dans mon pays avec un passeport [diplomatique] sénégalais. C’est le Cameroun qui nous a retiré nos papiers, c’est à lui de nous les rendre», s’était-elle offusquée au cours d’un entretien accordé à Jeune Afrique.

Germaine Habiba Ahidjo, une engagée jusqu’au bout 

 Première dame du Cameroun de 1960 jusqu’en 1982, Germaine Habiba Ahidjo est née à Mokolo en 1932. En 1942, elle obtient son certificat d’études à Yaoundé et intègre le collège des jeunes filles de Douala, actuelle lycée de New-Bell.

En 1947, elle décroche une bourse d’études pour la France où elle s’arrache un diplôme d’infirmière d’État en 1952 et se spécialise en maladies tropicales à l’Institut Pasteur en 1953. Elle épouse un Libanais du nom de Touffic, avec qui elle a un garçon, Daniel Boubakari. Elle divorce ensuite et revient au Cameroun.

En 1955, elle fait la connaissance de Ahmadou Ahidjo, qui l’épouse officiellement le 17 août 1957 et avec qui elle aura trois filles : Babette, Aissatou et Aminatou (actuelle PCA) du Palais des Congrès. Après la démission de son mari en novembre 1982, puis sa condamnation à mort par contumace à la suite de son implication dans le coup d’État manqué de 1984, Germaine ne peut retourner au pays avec lui et s’installe à Dakar (Sénégal), où elle vivait toujours. Son mari y est mort le 30 novembre 1989 et enterré. Depuis lors, elle militait pour sa réhabilitation officielle et surtout, pour le rapatriement de ses restes au Cameroun. Réservée elle aura mis ses

conseils au service de son mari.

Innocente Nice