Zimbabwe: le président élu défend une élection crédible, l’opposition crie à la fraude

Afriquinfos
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Harare (© 2018 Afriquinfos)-Au Zimbabwe, le leader de l’opposition zimbabwéenne et candidat malheureux à la présidentielle, Nelson Chamisa, a rejeté vendredi la « frauduleuse » victoire du chef de l’Etat sortant Emmerson Mnangagwa, qui as de son côté démenti ses accusations défendant une élection « libre et crédible ».

Selon des résultats officiels annoncés dans un climat très tendu, l’ancien bras droit de Robert Mugabe, tombé en novembre après trente-sept ans au pouvoir, s’est imposé avec 50,8% des voix, devant Nelson Chamisa (44,3%),

Mercredi, l’armée avait réprimé une manifestation de l’opposition qui dénonçait des fraudes et au cours de laquelle six personnes ont été tuées.

Nelson Chamisa, qui avait revendiqué la victoire avant l’annonce des chiffres officiels, a crié vendredi au « trucage ».

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« L’élection a été frauduleuse, illégale, illégitime (…). Nous avons gagné cette élection. Nous sommes prêts à former un gouvernement », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse empêchée dans un premier temps par une intervention policière.

Il s’est même permis quelques traits d’ironie. « L’élection a été truquée. Ils (le pouvoir) n’ont même pas fait un bon boulot. (…) Au moins M. Mugabe, lui, était plus sophistiqué », a-t-il estimé en référence aux élections entachées de fraude pendant le règne autoritaire du camarade « Bob ».

La formation de M. Chamisa, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a annoncé qu’il allait saisir la justice.

Des allégations catégoriquement rejetées par Emmerson Mnangagwa.

« Alors que les yeux du monde étaient tournés vers nous, nous avons organisé une élection libre, juste et crédible, comme nous l’avions promis », a-t-il assuré lors d’une opération séduction au palais présidentiel.

  1. Mnangagwa, soucieux de se démarquer de son prédécesseur, s’était engagé à organiser des élections libres et transparentes, dans l’espoir d’attirer des investissements occidentaux dans le pays au bord de la faillite.

Le Zimbabwe a connu lundi dernier sa première élection-post Mugabe. Ce qui d’après le nouveau chef d’Etat est « un nouveau départ », a-t-il dit appelant à l’unité pour « construire un nouveau Zimbabwe pour tous ».

Cependant, Human Rights Watch, qui a exigé une enquête « rapide et crédible » sur ces violences, a accusé les forces de l’ordre de s’être montrées « aussi violentes » que par le passé, tandis que pour le cabinet d’experts Verisk Maplecroft, « la vitesse avec laquelle le parti au pouvoir a déployé des soldats dans la rue dès la fin du vote, révèle bien comment Mnangagwa compte gouverner » le Zimbabwe, a-t-il dit.

Xavier-Gilles CARDOZZO