Revendications socio-politiques au Zimbabwe : Mnangagwa durcit le ton

Afriquinfos Editeur
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Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa à Pretoria le 25 mai 2019 (photo, AFP).

Harare (© 2020 Afriquinfos)- Plusieurs activistes des droits humains ont été arrêtés le 31 juillet dernier alors qu’ils tentaient de protester contre la corruption dans le pays. Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa semble indifférent à cette tension. Ce mardi, il a promis de « débusquer » ses opposants politiques alors que des organisations de défense des droits de l’Homme signalent l’arrestation de dizaines d’activistes dans la répression en cours menée par les autorités.

« Les pommes pourries qui ont tenté de diviser notre peuple et affaiblir notre système seront éliminées », a menacé Emmerson Mnangagwa dans un discours à la nation. « Nous surmonterons les tentatives de quelques voyous, agissant avec des détracteurs étrangers, de déstabiliser notre société « , a-t-il continué.

Vendredi dernier, les autorités d’Harare ont interdit des manifestations visant à protester contre la corruption et la crise économique dans le pays, manifestations lancées par l’opposant Jacob Ngarivhume et le journaliste et lanceur d’alerte Hopewell Chin’ono. Tous deux, arrêtés avant cette manifestation, sont encore en détention, accusés « d’incitation publique à la violence ».

Chin’ono a été arrêté chez lui après avoir révélé une affaire de corruption impliquant l’actuel ministre de la Santé, limogé depuis.

Parmi les personnes arrêtées le 31 juillet dernier, figurait également l’écrivaine zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga, 61 ans, en lice pour le prestigieux prix littéraire britannique « Booker Prize ». En dépit des mises en garde du gouvernement zimbabwéen, elle a décidé de répondre à l’appel à manifester contre la corruption, appel lancé par le principal parti d’opposition et plusieurs organisations issues de la société civile.

Les scènes d’arrestation se multiplient au Zimbabwe alors que le pays est confronté à une triple crise sanitaire, politique et monétaire. Amnesty International a condamné une « chasse aux sorcières et la répression menée contre des opposants pacifiques ».

Successeur de Robert Mugabe à la tête du pays après un coup d’Etat en novembre 2017, le président Mnangagwa avait promis de relancer une économie moribonde. Le Zimbabwe, pays d’Afrique australe, est englué depuis une vingtaine d’années dans une crise économique suite à une réforme agraire mal pensée. Cette crise se traduit par une inflation galopante et des pénuries de nombreux produits de première nécessité.

I. N.