92,9 milliards de dollars pour financer le discours-programme du Gouvernement du plus vaste Etat d’Afrique sub-saharienne

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Kinshasa (© 2024 Afriquinfos)- Le Palais du peuple à Kinshasa a été le théâtre de l’investiture du nouveau Gouvernement dirigé par la Première ministre Judith Suminwa le mardi 11 juin 2024. Devant une assemblée de parlementaires en majorité favorables au pouvoir, la Première ministre a présenté un programme « ambitieux et détaillé » dont le coût est estimé à 92,9 milliards de dollars pour les cinq prochaines années.

Mme Tuluka et les 54 autres membres du nouveau gouvernement sont  officiellement entrés en fonction, après que son programme a été adopté par les députés avec 397 voix pour sur les 405 législateurs présents à la plénière, une majorité absolue requise, après plusieurs heures de débat.

Jugé « ambitieux et détaillé » par Mme Tuluka, ce programme est destiné à guider les politiques à mettre en œuvre et est estimé à 92,9 milliards de dollars sur cinq ans. En priorité, Mme Tuluka s’engage à favoriser la création d’emplois et à protéger le pouvoir d’achat des ménages en République démocratique du Congo, malgré le classement du pays comme quatrième plus pauvre selon la Banque mondiale, malgré ses richesses en minerais stratégiques, en particulier le cobalt.

En stabilisant l’économie et en améliorant le climat des affaires, le gouvernement vise à renforcer l’image de la RDC en tant que destination fiable pour les investissements étrangers dans les secteurs miniers et des hydrocarbures, pour une meilleure redistribution des fruits de la croissance économique et une utilisation des ressources énergétiques répondant aux besoins de la population.

Le gouvernement entend poser les bases d’un « Congo émergent« , en créant environ 2,6 millions d’emplois et en établissant une académie des mathématiques et de l’intelligence artificielle à Kinshasa. Pour faire face aux conflits persistants, notamment la résurgence de la rébellion du M23, l’équipe de Mme Tuluka s’engage à assurer la sécurité en renforçant l’armée et la diplomatie du pays, dans le but d’éliminer les groupes armés présents sur le territoire, représentant 20% du budget gouvernemental.

Par ailleurs, des actions concrètes sont prévues pour améliorer les infrastructures et la connectivité du pays, avec la construction de routes prioritaires, de ports modulaires et la mise en place d’un réseau national en fibre optique. Enfin, des initiatives sont prévues pour garantir l’accès aux services sociaux, renforcer l’efficacité des services publics, lutter contre le changement climatique, augmenter la productivité du projet hydroélectrique d’Inga et étendre la couverture universelle des soins de santé, notamment par le biais du recensement biométrique des fonctionnaires publics.

Fière d’avoir brisé le « plafond de verre »

Mme Tuluka, en présentant son programme, s’est dite fière d’avoir brisé le « plafond de verre » pour diriger ce gouvernement composé de 18 femmes, dont la première cheffe du gouvernement dans l’histoire du pays.

« En accédant à cette fonction, je suis pleinement consciente de l’importance historique de ce moment et de la symbolique de cette nomination pour la nation congolaise. Je ressens à la fois le poids de la responsabilité qui m’incombe ainsi qu’une immense fierté à l’idée de représenter au sein de la République, l’aboutissement des efforts de tous les Congolais et de toutes les Congolaises tendant à briser le fameux plafond de verre pour produire l’égalité« , a-t-elle souligné.

Ce nouveau gouvernement, dévoilé fin mai 2024, est composé de 55 membres, dont la Première ministre, six vice-Premiers ministres et dix ministres d’Etat, par rapport aux 57 membres du remaniement de mars 2023. Parmi eux, 30 nouvelles figures ont fait leur entrée, 15 ministres du précédent gouvernement ont été reconduits à leurs postes tandis que neuf autres mutés à d’autres fonctions que celles qu’ils occupaient précédemment.

A l’âge de 56 ans, détentrice d’une maîtrise en économie appliquée à l’Université Libre de Bruxelles, Mme Tuluka a été nommée en mars 2023 ministre d’Etat en charge du Plan. De 2020 à 2023, elle fut également coordonnatrice adjointe du Conseil présidentiel de veille stratégique (CPVS), une entité affiliée à la présidence congolaise. « Pour relever tous ces défis, nous devons être capables de mettre de côté ce qui nous divise afin qu’ensemble nous fassions triompher l’intérêt général seul« , a conclu Mme Tuluka.

L’opposition critique

Dans le camp de l’opposition, Christian Mwando, leader du groupe parlementaire du parti dirigé par l’opposant Moïse Katumbi, a vivement critiqué la taille du gouvernement, composé de 54 membres, la qualifiant d’« éléphantesque ». Il a estimé que le programme présenté ne contenait que des intentions déjà connues et a dénoncé le fait que le gouvernement accorde la priorité à l’emploi, malgré la situation de guerre que traverse le pays.

Après l’installation tant attendue de ce gouvernement, la course pour la présidence du Sénat dont le scrutin est prévu le 15 juin s’annonce. Le prédécesseur de Mme Tuluka, Jean-Michel Sama Lukonde, est en lice pour briguer le perchoir de la chambre haute du Parlement.

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