42e anniversaire de la libération du Sinaï: Un évènement qui a projeté l’Egypte dans une nouvelle ère de développement

Afriquinfos Editeur
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Le Caire (© 2024 Afriquinfos)- L’Egypte a célébré le 25 avril dernier le 42e anniversaire de la libération du Sinaï. Un évènement majeur qui commémore le départ du dernier soldat israélien de la péninsule et la levée du drapeau égyptien sur les frontières Est de l’Egypte, à Rafah au nord et à Charm Al-Cheikh au sud.

 »La lutte des Egyptiens pour le Sinaï est une épopée faite d’héroïsme, de rédemption, de persévérance, de sacrifice et d’insistance inexorable à préserver les droits de cette grande nation, sans en compromettre un seul pouce. Ce sont les bases solides du patriotisme égyptien et les déterminants principaux de la sécurité nationale », a affirmé le Président égyptien, Al-Sissi, dans son discours célébrant ce 42è anniversaire.

 »Le Sinaï, qui a été libéré par la guerre et la diplomatie, restera témoin de la force de l’Egypte et de son peuple, ainsi que de ses Forces armées et ses institutions étatiques. Il restera un symbole éternel de la résilience du peuple égyptien à vaincre les agresseurs et les envahisseurs tout au long des âges », a-t-il rappelé.

« Cette année, la fête de la libération du Sinaï intervient dans un contexte particulier. Le Sinaï avec son emplacement stratégique se trouve au cœur des événements régionaux depuis plusieurs mois’’, a contextualisé pour sa part le diplomate égyptien Mohamed Hégazi. Le seul moyen de contrer les tentatives visant à isoler le Sinaï de l’Égypte, que ce soit par la déportation des Palestiniens ou par l’occupation, est donc de « favoriser le développement économique de la région. Il était donc essentiel que la lutte contre le terrorisme menée par les Forces armées soit associée à un programme de développement global », analyse  l’économiste Mohamed Shadi. C’est ainsi que l’Egypte a lancé en 2014 la première phase du projet national de protection et de développement du Sinaï, avec des investissements de 283 milliards de L.E. (livre égyptienne).

1 .015 projets ont été lancés dans le nord du Sinaï dans cadre de la première phase de ce plan, alors que la seconde phase, lancée en octobre 2023, prévoit l’exécution de 300 projets de développement dans les différents secteurs jusqu’en juin 2030, avec un coût de 363 milliards de L.E.

’La première étape de ce développement a été la lutte contre le terrorisme et les trafiquants d’armes et de drogue et la fermeture des tunnels dans le Sinaï pour empêcher le mouvement des armes, de la drogue et des criminels. Il fallait ensuite relier la péninsule au reste du pays’’, détaille Mohamed Shadi. Auparavant, seul un tunnel et des ferrys permettaient l’accès au Sinaï.

Le pays compte désormais six tunnels sous le Canal de Suez, sept ponts flottants et un réseau de routes de plus de 3.000 km. Le Sinaï possède désormais des axes routiers adéquats pour les 50 prochaines années, a défendu le Premier ministre, Mostafa Madbouly, fin février 2024, lors d’une visite à Ismaïliya. ‘’Les projets de développement ont pour objectif de rendre la péninsule vivable afin d’attirer les habitants qui pourront y trouver du travail et vivre aisément sur ses terres, en étant séparés de la capitale par quatre ou cinq heures seulement, et aussi afin de permettre aux Forces armées de parvenir aisément au dernier point frontalier de l’Egypte’’, rajoute Mohamed Shadi.

Projets urbains

Avec 601.000 habitants (489.000 dans le nord et 112.000 dans le sud) selon des estimations de 2021, la population du Sinaï représente à peine 1% de la population totale de l’Egypte (plus de 100 millions d’âmes, le plus peuplé Etat du monde arabe). Avec une majorité de 46% de la population en âge de travailler (entre 15 et 44 ans) selon le recensement de 2017, l’emploi devient une priorité, d’autant que le taux de chômage dans le gouvernorat du Sud-Sinaï a atteint 27,5% en 2020 et 14,4% dans le gouvernorat du Nord-Sinaï, dont la majorité sont des hommes.

Dans ce contexte, l’Etat a construit de nouvelles villes, des écoles gouvernementales, privées et internationales en plus d’une Université gouvernementale regroupant 12 Facultés et des Universités privées, car le taux d’analphabétisme dans le Sinaï dépasse les 58%.

Dans le secteur de l’eau potable et du drainage sanitaire, des stations de dessalement et de purification de l’eau ont été construites dans le nord, le sud et le centre du Sinaï. Elles ont permis pour la première fois d’approvisionner les villes de Rafah et de Cheikh Zowayed en eau alors qu’elles comptaient sur l’eau des nappes phréatiques et dans une moindre mesure sur une très petite quantité des eaux du Nil.  Ces eaux ont permis de cultiver de nombreux terrains, surtout après l’approvisionnement du canal de Cheikh Zayed.

En plus, les terrains qui se trouvent sur les deux rives du canal ont été attribués aux personnes qui les cultivent, explique le chercheur Shadi. Et d’ajouter que la ceinture frontalière qui s’étend sur 5km de large et 14 km de long s’est aussi transformée en terres cultivables, après l’opération globale des Forces armées et la fermeture des tunnels de fraude.

Transformation de la péninsule

Une ligne de chemin de fer est aussi prévue pour relier les ports de Taba et d’Al-Arich aux zones des industries lourdes du centre du Sinaï, d’une longueur de 500 km, afin de faciliter le transport des individus et des marchandises destinées à l’exportation. Dans ce contexte, l’Etat a déployé de grands efforts pour le développement industriel, grâce à l’injection de 44,3 milliards de L.E. d’investissements dans 29 projets industriels entre juin 2014 et octobre 2023. Qu’il s’agisse d’industries lourdes comme l’usine de ciment d’Al-Arich et le complexe de marbre d’Al-Fagaga ou de petites industries, notamment au sud d’Al-Raswa. Sans oublier le développement touristique de la péninsule qui jouit des plus belles plages du monde sur la Méditerranée et la mer Rouge.

D’après divers spécialistes, les priorités du développement économique du Sinaï ont suivi une progression logique bénéfique non seulement à la région, mais également à l’ensemble de l’État égyptien. Le général pilote Dr Hesham Elhalaby, conseiller à l’Académie militaire pour les études stratégiques, souligne que l’État s’est engagé dans un processus de développement global et durable du Sinaï, intégrant des aspects sociaux et économiques afin de métamorphoser la péninsule acquise par l’Égypte à travers la guerre, les négociations et l’arbitrage.

Il explique par ailleurs que la libération du Sinaï représente l’aboutissement d’un long cheminement initié lors de la guerre d’octobre 1973. Après six années d’occupation par Israël entre 1967 et 1973, diverses tentatives de rétablir la paix ont été entreprises, mais Israël a persisté dans son refus de restituer les terres. La victoire de 1973 a instauré le principe de la terre contre la paix dans les négociations qui ont conduit à la signature du Traité de paix et des accords de Camp David. Ces accords ont permis à Israël de rendre le Sinaï à l’Égypte.

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