Tchad : Un ancien ministre de la Justice pris dans un tourbillon judiciaire

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 Les avocats de Me Padaré, eux, sont surpris par cette "kyrielle de plaintes enregistrées toutes curieusement le 26 février 2014 et transmises à la police judiciaire le 27 février 2014 pour diligences". Ils dénoncent une cabale orchestrée à l'encontre d'un citoyen qui bénéficie de la présomption d'innocence.

 "Compte tenu de son statut lors de la commission des délits qu'on prétend lui reprocher, il (Me Padaré, Ndlr) doit bénéficier du privilège des juridictions. En plus, il est un avocat en exercice", soutient Me Francis Kadjilembaye, un des avocats de l'ancien Garde des sceaux.

 Selon lui, les faits reprochés à son client, en tant que ministre, ne relèvent pas de la compétence du parquet d'instance, mais de la Haute cour de justice, seule habilitée à juger un ministre pour une faute commise dans l'exercice de ses fonctions. "Notre Code de procédure pénale dispose clairement que lorsqu'un membre du gouvernement est poursuivi pour une infraction de droit commune, les poursuites sont engagées à la diligence du parquet général.

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Les tentatives d'escroquerie, de corruption ou de détournement étant des délits de droit commun, leurs auteurs ne peuvent répondre que devant les juridictions ordinaires", répond Mahamat Saleh Youssouf. "Pour la crédibilité de l'image du Tchad, on ne peut pas fermer les yeux sur des choses pareilles qui discréditent, en premier lieu, la justice tchadienne", ajoute-t-il. Pour le procureur de la République, Me Jean-Bernard Padaré est un citoyen comme tout autre. "Il est accusé pour des faits répréhensibles par la loi. Et la loi est égale pour tous. Nous n'avons pas besoin de tenir compte de certaines considérations pour privilégier les uns au détriment des autres", affirme-t-il avant de promettre que "les droits de la défense et autres seront respectés".

Me Jean-Bernard Padaré, un des cadres du parti au pouvoir, avait été ministre des Affaires foncières et du Domaine, puis de la Justice, dans les derniers gouvernements. Fin décembre, il avait été démis de ses fonctions sans aucune raison officielle. Depuis, il a repris sa toge d'avocat. Le passage de l'ancien avocat de la famille présidentielle à la tête du ministère de la Justice a été marqué par de nombreuses affaires politico-judiciaires dont l'une a entraîné la mise en cause du chef de l'opposition démocratique, Saleh Kebzabo, et l'autre l'incarcération de plusieurs députés dont certains issus même du parti au pouvoir.