Tchad : Les acteurs de la filière coton s’engagent à accroître la production

ecapital
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"Le Tchad, qui était le second producteur du coton en Afrique, après l'Egypte, est aujourd'hui à la traîne tant en termes de volume de production que de rendement aux champs", déclare Mahamat Moctar Ali, président directeur général de la COTONTCHAD, Société nouvelle (SN). Pour la campagne de productivité 2013-2014, la société cotonnière, majoritairement tenue par l'Etat tchadien, n'a produit que 82.200 tonnes, ce qui est bien en deçà des capacités réelles du pays.

Malgré des conditions agro-climatiques favorables dans la zone soudanienne du Tchad, où le coton est cultivé depuis plusieurs décennies, cette culture fait face à diverses contraintes, tant dans la problématique de la recherche des semences et les formules d'engrais, que dans l'encadrement de proximité, le respect des itinéraires agricoles par la masse commerciale et sa commercialisation. Voilà de "goulots d'étranglement" que M. Mahamat Moctar Ali est "déterminé à dégager", avec les efforts conjugués de tous les acteurs de la filière coton: l'Office national de développement rural (ONDR), l'Union des Producteurs du Coton (UNPCT) et l'Institut de Recherche Agronomique et du Développement (ITRAD).

A l'ONDR, l'on plaide pour la mise en place d'un système de gestion efficient du personnel de manière à ce que les agents cotonniers qui sont gérés par la COTONTCHAD SN et les conseillers agricoles de l'ONDR puissent travailler ensemble pour arriver à un meilleur résultat. "L'ONDR est le partenaire privilégié de la COTONTCHAD SN dans le domaine de l'encadrement des producteurs de coton. Il a mis en son temps plus de 500 agents d'encadrement à la disposition des producteurs. Quand le financement de l'Agence Française de Développement (AFD) et de certains bailleurs de fonds a été suspendu, l'ONDR a compressé économiquement plus de 500 agents de terrain. A défaut d'encadrement, le paysan n'avait plus de repère", indique Dobian Assingar, son directeur administratif et financier.

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L'ONDR promet désormais augmenter le nombre de villages à encadrer par conseiller agricole de 2 à 3 de manière à toucher un nombre important de cotonculteurs, élaborer de concert avec la COTONTCHAD SN un cadre de gestion des dispositifs des conseillers agricoles.

"Les producteurs jouent un rôle primordial dans l'avenir du coton", ajoute M. Dobian Assingar, avant de déplorer leur "mauvaise foi". "Quand ils [les producteurs, Ndlr] prennent les engrais, ils les gardent par devers eux pour aller vendre cher pour avoir de l'argent. Ce sont des mauvaises pratiques qui jouent énormément sur la production du coton", explique-t-il.

Dans les rangs des producteurs, l'on se dit conscient du constat fait par le directeur administratif et financier de l'ONDR. "Il y a un dysfonctionnement dans notre organisation. Nous devons la restructurer pour responsabiliser davantage les producteurs. Dans la structure actuelle, les producteurs prennent les engrais et les revendent sans les utiliser pour la culture de coton", reconnaît Mbontar Ndoukof, président de l'UNPCT. Selon lui, la solution passe par la mise sur pied d'une "coopérative qui amènera les producteurs à y adhérer et épargner".

"Il revient aussi à la COTONTCHAD SN de mettre à temps les facteurs de production à la disposition des producteurs", ajoute M. Mbontar Ndoukof.

 Désormais, les producteurs du coton s'engagent à instaurer une gestion efficiente des intrants et un système de répression des producteurs indélicats, ainsi qu'à s'approprier le programme de relance de la production cotonnière en marquant sa volonté d'y parvenir et à entrer dans le capital de la COTONTCHAD SN.

 "Nous entendons mener des actions conjugués avec les producteurs, l'ONDR et la COTONTCHAD SN pour des essais participatifs sur le terrain et quand le résultat sera intéressant aux yeux des partenaires, nous proposerons la variété A26 qui a la même caractéristique technologique que la A51 mais beaucoup moins exigeante en eau que la A51", affirme, quant à lui, Dr Djondang Koy, directeur scientifique de l'ITRAD.

Pour la récolte du coton, Dr Djondang Koy conseille aux paysans d'utiliser des sacs en tissu ou des paniers, au lieu des sacs en polyéthylène privilégiés jusqu'ici. Son institution devra, par ailleurs, organiser une rencontre de concertation avec l'ONDR et la COTONTCAD SN pour adopter une approche facilitant l'accès de nouvelles technologies aux producteurs, et produire un référentiel permettant de mieux conseiller les producteurs sur l'usage des herbicides.

A l'instar des autres acteurs de la filière, la COTONTCHAD SN s'engage, elle, à s'impliquer davantage dans la production cotonnière, à mettre en place à temps et en quantité suffisante les facteurs de production du coton graine, à respecter la période de commercialisation de novembre à avril de chaque année tant pour l'enlèvement du coton graine que le paiement des revenus aux cotonculteurs, à revoir le système de gestion des intrants au niveau des usines, à partager avec les autres acteurs les informations relatives à la production du coton graine, etc.

Avec ces nouveaux engagements des uns et des autres, la société cotonnière espère ainsi parvenir à 300.000 tonnes, d'ici 2018. Si cet objectif répond, selon M. Mahamat Moctar Ali, à un certain nombre de considérations physiques maîtrisables (intrants, matériels techniques et capacité financière), il reste des aléas que l'on ne maîtrise pas: la pluviométrie.

 "Si les conditions pluviométriques répondent, nous sommes à mesure d'atteindre cet objectif. Maintenant si les aléas climatiques qui sont des impondérables non maitrisables interviennent, nous serons obligés de revoir nos prévisions en baisse", prévient le président directeur général de la COTONTCHAD SN. Selon les services de la météo tchadienne, les pluies devront arriver avec retard cette saison, ce qui devra perturber les prévisions.