Meurtre du juge Borrel : un collectif réclame la réforme du « Secret défense »

Afriquinfos
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Paris (© Afriquinfos 2017)- Ce mercredi, la veuve du juge Bernard Borrel, Elisabeth Borrel, (membre du collectif Secret Défense), tué à Djibouti en 1995, a réclamé la réforme du « Secret défense » qui « entrave » les enquêtes et « contrevient » à la Convention européenne des droits de l’homme dans le cadre de l’enquête du meurtre de son mari.

« Je me suis heurtée dès le départ, dès janvier 1996, au secret » autour de la mort du juge Borrel, dont le corps a été retrouvé calciné en octobre 1995, a lancé Elisabeth Borrel lors d’une conférence de presse du Collectif Secret Défense.

Composé d’autres personnes, notamment du fils de Mehdi Ben Barka, opposant marocain enlevé à Paris en 1965, « Les Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon », journalistes de RFI tués au Mali en 2013, ou encore un réseau qui exige que toute la lumière soit faite sur l’assassinat de Thomas Sankara, l’ancien président burkinabè assassiné en 1987.

Le président Emmanuel Macron avait annoncé la « déclassification de tous les documents » relatifs à l’assassinat de Thomas Sankara, jusqu’ici couverts par le « Secret défense » lors de sa visite à Ouagadougou le 28 novembre.

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Pour Bruno Jaffré, la décision du président français est une « Justice pour Sankara », qu’il juge « très satisfaisant » tout en « attendant de voir ce qu’il va effectivement se passer ». Cette décision présidentielle, « éminemment politique », selon M. Jaffré, est rare.

Et le mécanisme qui permet d’ordinaire d’accéder aux documents « Secret défense », permet d' »entraver » les enquêtes judiciaires, fustige le Collectif Secret Défense. Leur consultation est soumise à l’avis de la Commission du secret de la Défense nationale, autorité administrative indépendante qui est obligatoirement consultée lorsqu’une juridiction française fait une demande de déclassification. A la suite de l’avis de la Commission, le ministre concerné peut, ou non, déclassifier les documents demandés.

Or, la « législation actuelle est contraire à la Convention européenne des droits de l’homme », car la réponse fournie aux requérants « est la réponse politique du ministre », a argué Elisabeth Borrel, qui ré la mise en place d’une véritable « juridiction du Secret défense », pour éviter que les victimes et leurs proches « n’aillent à la Cour européenne des droits de l’homme et aient le mauvais rôle de faire condamner la France ».

Le Collectif Secret Défense compte solliciter une réunion avec M. Macron et publier des propositions dans les prochains mois.

AFP