Pourquoi Stromae est-il si formidable ?

Afriquinfos Editeur
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De son vrai nom Paul Van Haver, Stromae est un jeune belgo-rwandais de 28 ans à la fois auteur, compositeur et interprète : c’est un artiste complet.

Il a commencé la musique jeune en apprenant le solfège et à jouer de la batterie. Mais il a réellement fait ses premiers pas dans l’ombre en composant pour Kerry James, Melissa M et Anggun.

L’originalité du chanteur commence avec le pseudo Stromae qui vient en fait de Maestro en verlan.

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Maestro est d’ailleurs un nom qui lui correspond bien puisqu’on le décrit comme un poète contemporain, à mi-chemin entre Brel et Oxmo Puccino. Il avoue à ce sujet avoir été influencé par Jacques Brel notamment.

Stromae c’est l’art de l’interprétation

En effet, on retrouve chez Stromae de nombreuses similitudes à Brel qui ne trompent pas : la silhouette, la gestuelle, ces mêmes « r » roulés, et cette même façon de chanter sur des textes lourds de sens avec ce sanglot dans la voix qui reste comme coincé au fond de la gorge.

« La notoriété n’est pas un métier »

Stromae reste modeste quant à son succès qui a réellement commencé en 2010 avec le titre « Alors on danse » de son premier album « Cheese », repris par tous les clubs européens et classé numéro dans les charts de 10 pays : « Ce que je ne comprends pas c’est qu’aujourd’hui, la notoriété est vu comme un métier. Etre une star, ce n’est pas une fin en soi. Je me prête au jeu mais mon métier, c’est d’être auteur-compositeur. »

« C’est un super compliment. C’est difficile de se comparer à une légende. Je le vois plus comme un professeur [Brel]. »

Le jeune chanteur n’aime pas beaucoup que l’on appuie trop la comparaison aux grands interprètes : « En plus de chanter, il [Jacques Brel] jouait des personnages. Mais après il y a aussi Aznavour et Nougaro qui vivaient leurs morceaux. Je suis fan de Brel, ça ne m’agace pas mais la comparaison peut paraître prétentieuse. »

Dans ce sens il affirme même que son texte n’est qu’un détail « Je mets du texte parce que c’est obligé. Le texte, c’est le plus ingrat. Ce n’est pas aussi ludique que de laisser parler les mains »,

Et pourtant, Stromae a l’art de choisir les mots justes pour conter le maux de la société. Et les paroles presque parlées font justement tout le charme et l’originalité de sa musique.

Stromae c’est l’art du paradoxe

Il a l’art des jeux de contrastes, en mélangeant la house et l’éléctro/techno à d’autres styles musicaux, il réussit à allier sons dansants à des paroles sombres voire trashs, le tout donnant un ensemble tout à fait harmonique.

Et il a effectivement un style bien à lui, grand et mince, il adopte le costar et le nœud papillon assorti. Stromae a une emprunte musicale et un physique qui lui sont propres et qui le démarquent complétement des autres artistes. Il a su utiliser tout ce potentiel pour créer le buzz.

« Timide, je me libère de mes peurs dans mes textes »

Si le chanteur met à l’honneur de grands interprètes, l’inspiration lui vient aussi de son vécu, ses chansons sont pour lui un exutoire.

Comme le rappeur Orelsan, il décrit les maux d’une époque et la vision pessimiste que peut avoir la jeunesse européenne sur sa condition : « Qui dit étude dit travail,/Qui dit taf te dit les thunes,/Qui dit argent dit dépenses,/Qui dit dépenses dit crédit dit créance,/Qui dit dettes te dit huissier, alors on danse. »

Mais sa principale source d’inspiration lui vient de son enfance et du rapport à son père, le sujet de (non) relation père-fils est récurrent : « Coureur et dragueur [son père]. J’ai appris bien après que j’avais des demi-frères et des demi-sœurs. Il était architecte et faisait des allers-retours entre la Belgique et le Rwanda. J’ai dû le voir vingt fois dans ma vie et il est mort pendant le génocide rwandais. Mais il avait déjà disparu pour moi. »

Stromae plaît donc pour sa sensibilité et ses rythmes entraînants, il a d’ailleurs été récompensé à de multiples reprises comme en 2009 par un Music Awards de la « Révélation musicale belge francophone 2009 », et en 2011, par les Victoires de la musique de l’« Album de musiques électroniques ou dance de l’année ».

On pourra le redécouvrir dans son prochain album « Racine carrée » et sa prochaine tournée à la rentrée 2013.

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