La faim persiste dans les zones de conflits chroniques malgré de bonnes récoltes mondiales

Afriquinfos
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Rome  (© 2017 Afriquinfos)-Selon le dernier rapport de la FAO Perspectives de récoltes et situation alimentaire, si les réserves mondiales de nourriture sont abondantes, l’accès à la nourriture est fortement restreint dans les zones touchées par les conflits civils, tandis que la sécheresse aggrave l’insécurité alimentaire dans de nombreuses régions d’Afrique de l’est.

Près de 37 pays ont besoin d’une aide extérieure pour se nourrir, 28 d’entre eux se situent en Afrique australe et subissent toujours les effets prolongés de la sécheresse de l’année dernière provoquée par le phénomène climatique El Niño et notamment ses répercussions sur les récoltes en 2016. Pourtant, alors que la production agricole devrait connaître un rebond dans cette sous-région, les combats et les troubles prolongés contribuent aux déplacements de population et entraînent des souffrances liées à la faim dans d’autres régions du monde.

La famine a été officiellement déclarée au Soudan du Sud et la situation de la sécurité alimentaire suscite de vives inquiétudes dans le Nord du Nigeria, en Somalie et au Yémen.

Au Soudan du Sud, 100 000 personnes sont confrontées à la famine dans les comtés de Leer et de Mayendit, qui faisaient auparavant partie de l’Etat d’Unité, sachant qu’il existe une «forte probabilité» qu’une situation semblable soit d’actualité dans les deux comtés voisins. D’un point de vue général, près de 4,9 millions de personnes à travers le pays sont classifiées comme étant confrontées à une crise, une urgence ou encore une famine. Ces chiffres devraient augmenter pour atteindre les 5,5 millions, soit presque la moitié de la population du pays lors du pic de la saison creuse en juillet.

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« Nous sommes faces à une situation sans précédent. Nous n’avions jamais été confrontés à 4 menaces de famine dans plusieurs pays en même temps » a déclaré M. Kostas Stamoulis, Sous-Directeur général et responsable du Département développement économique et social. « Il s’agit d’agir vite en apportant une aide agricole mais également en renforçant les moyens d’existence afin de s’assurer que de telles situations ne se répètent pas.

Dans le Nord du Nigéria, 8,1 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë et ont besoin d’une intervention humanitaire d’urgence qui devra également protéger leurs moyens d’existence. Malgré des récoltes céréalières supérieures à la moyenne en 2016, cette situation n’a pu être évitée et s’explique notamment par les perturbations causées par le conflit et la forte dépréciation de la monnaie locale.

Au Yémen, où 17 millions de personnes (soit deux tiers de la population) sont considérées comme étant en situation d’insécurité alimentaire, presque la moitié d’entre elles ont besoin d’une aide d’urgence. Le rapport indique que «le risque d’annonce de famine dans le pays est très élevé».

En Somalie, le conflit, l’insécurité civile et la sécheresse ont contribué à doubler le nombre de personnes considérées comme étant en situation de grave insécurité alimentaire depuis six mois (ils seraient près de 2,9 millions). La sécheresse a également contribué à limiter le fourrage disponible pour les éleveurs et pour la troisième fois consécutive, de faibles pluies devraient également nuire à la production agricole dans les régions du sud et du centre, en la faisant baisser de 70 pour cent par rapport à sa moyenne et en favorisant l’épuisement des stocks alimentaires.

Les conflits et les troubles civils au Burundi, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, ont également contribué à exacerber l’insécurité alimentaire pour des millions de personnes et ont également affecté les pays voisins qui accueillent des réfugiés. De plus, la sécheresse en Afrique de l’Est, à la fin de l’année 2016, a accentué l’insécurité alimentaire dans plusieurs pays de la sous-région.

Innocente Nice