Titre Voici 10 ans qu’apparaissait un monstre régional du nom de Boko Haram

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

(© 2019 Afriquinfos)- Il y a dix ans, dans la nuit du 26 juillet 2009. Le groupe Jamā‘at ahl al-sunna li’l-da‘wa wa’l-jihād, plus connu sous le nom de « Boko Haram » lançait des frappes simultanées sur des postes de police dans plusieurs villes de l’extrême Nord-Est du Nigeria. Pour le leader de la secte Mohammed Yusuf les forces de sécurité sont responsables d’avoir tué, la veille, des dizaines de fidèles dans la ville de Bauchi et ils doivent payer.

Aujourd’hui dix ans que les attentats kamikazes et des séries enlèvements massifs de populations se poursuivent dans le bassin du Lac Tchad. Dix ans d’affrontements meurtriers avec les forces de sécurité. Ce qui n’était au mitan des années 2000 qu’une secte d’étudiants se réclamant des talibans afghans et soucieuse de voir une charia totale appliquée, s’est muée en un groupe jihadiste meurtrier. Point de bascule : l’insurrection de Maiduguri.

Les membres de Boko Haram armés d’AK-47 et de bombes artisanales se déplacent à moto. Ils tuent, mettent des policiers en fuite et saisissent des armes. Le gouvernement fédéral a ordonné l’intervention de l’armée dès le 27 juillet. c’est un bain de sang. Des centaines de fidèles sont tués. Les suspects exécutés sans autre forme de procès, alors que « Markas » le QG de la secte est détruit.

L’enquête officielle du gouvernement de Borno confirmera la mort de 1 118 personnes, tuées dans l’État entre le 27 juillet et le 1er août. Parmi elles, Mohammed Yusuf. Capturé par l’armée à Maiduguri, le leader du groupe est transféré à la police. Il est brièvement interrogé puis amené hors du poste où il est abattu à bout portant. La scène filmée fera le tour des portables suscitant beaucoup de ressentiment au sein de la population et de désir de revanche chez quelques 200 partisans parvenus à s’enfuir avec l’Imam Abubakar Shekau.

- Advertisement -

Selon Rfi qui a diffusé l’information dans la dernière décennie, Boko Haram n’a cessé de se radicaliser. Après l’apogée des violences marquée par l’enlèvement ultra médiatisé des 276 lycéennes de Chibok, le groupe djihadiste s’est considérablement affaibli. En raison notamment du réveil de la communauté internationale et de la réponse militaire de la Force multinationale mixte. Alors que les exactions du leader Abubakar Shekau contre des civils musulmans et sa lecture très personnelle de l’Islam sont de plus en plus critiqués. En août 2016, l’Etat Islamique reconnait Abu Musab al-Barnawi, qui prend la tête d’une faction du groupe. Boko Haram devient l’Iswap, l’État islamique en Afrique de l’Ouest.

Affaibli par ses divisions internes Boko Haram a opéré une évolution stratégique significative ces dernières années, a souligné Radio France Si le groupe jihadiste contrôle aujourd’hui moins de terrain qu’en 2014, il a réussi à se réinventer pour frapper plus fort à partir de 2016 en mettant l’accent sur la protection des populations et une propagande fortement anti-gouvernementale.