Le tambour, un héritage culturel à protéger

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Fabriqué à partir d’un tronc d’arbre évidé et sacré sur lequel on tend la peau d'un taureau (jamais d'une vache), battu à l'aide de deux manches, le tambour  fascine. Il est fait de quatre parties principales : le pied, le ventre, les chevilles et la peau auxquels on peut ajouter les cordes et des décorations.

Le magnétisme qu'il suscite remonte au temps de la monarchie. Il était  exclusivement battu à la cour royale ou à la cour des grands chefs, qui étaient tous de sang royal. Le tambour symbolisait le pouvoir et la puissance. C’était la protection du roi, comme l’explique l’historien Emile Mworoha. Ce dernier souligne qu’il était battu par les hommes et jamais par les femmes. Une femme ne pouvait même pas toucher les deux petites baguettes servant à battre le tambour. Au cours des festivités, les femmes pouvaient juste accompagner  les hommes dans la danse.

Quand les traditionalistes voient aujourd’hui des jeunes filles en jouer lors d'une dot ou d'un mariage, ils hurlent à la « transgression culturelle ».

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L’usage du tambour a fortement évolué au cours des dernières décennies. Avec l'abolition de la monarchie en 1966, le cérémonial a échu aux représentants du pouvoir républicain.

Profitant de l’exode rural, le tambour s'est peu à peu engouffré dans la sphère familiale urbaine. Les cérémonies d'échanges de cadeaux, les anniversaires sont devenus autant d’occasions de battre le tambour.  

Les clubs de tambourinaires ont poussé comme des champignons, avec comme slogan « la préservation de l'héritage culturel ». En vérité, c’est désormais un moyen comme un autre de se faire de l’argent. A 100 000 Fbu l'heure (34 700 F CFA) pour la location d'une équipe de tambourinaires, le business est lucratif.

Antime Baranshakaje, 78 ans, ne comprend pas comment l'objet sacré peut être fabriqué par des étrangers : « Ce qui faisait le fond de notre âme est devenu un vulgaire objet de commerce », lâche-t-il.

Jean-Jacques Nyenimigabo, le ministre en charge de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, est plus compréhensif : « Nous avons engagé le processus pour son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco.» Il rappelle que son appropriation par la population montre la place qu’occupe le tambour dans le cœur de ses compatriotes.