Lac Tchad/MSF assiste toujours les populations affectées par les violences dans la région de Diffa

Afriquinfos Editeur
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La situation sécuritaire reste très volatile dans les alentours du Lac Tchad. Dans la région de Diffa, des épisodes de violence extrême ont lieu presque chaque jour à l’encontre des populations civiles, tels que des assassinats, des attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés, des enlèvements contre rançon, des tirs, des incendies criminels, des pillages, etc. Toutes ces exactions ne font que précariser les conditions de vie de ces communautés, déjà très vulnérables.

Ainsi, Médecins Sans Frontières (MSF) continue de fournir une assistance médicale et humanitaire urgente dans ces zones aux réfugiés, déplacés internes, retournés et familles d’accueil, pour répondre dans les meilleurs délais à leurs besoins les plus immédiats.

Récemment, un groupe armé a attaqué le campement peuhl de Kanama, Commune de Bosso, dans les îles du Lac Tchad. Selon les témoins, ces hommes ont dépouillé les habitants de leurs biens, et leur ont volé leurs troupeaux. En outre, ils auraient tué deux chefs de famille devant le Boulama (leader) du village. Des affrontements armés s’en sont suivis et, au total, 3 hommes ont été tués et 7 personnes ont été kidnappées, y compris 4 femmes. Environ 700 têtes de bétail auraient également été emportées. Cette situation a provoqué un déplacement massif de la population, qui est allée s’installer 40 kilomètres à l’ouest de Nguigmi, à la périphérie de Kablewa, sur le site de Nguel Basari.

Ramatou Abdou, de Kanama, a 37 ans et est mère de 7 enfants. Elle vivait à Kanama, mais elle a dû fuir avec sa famille suite à ces violences. « Je pense nuit et jour à comment survivre. Mon mari, âgé de 70 ans, était éleveur ; maintenant il ne possède plus rien car tout son troupeau a été emporté. Il est devenu très anxieux et pense même quelques fois à mettre fin à sa vie. Il est très souvent malade car il refuse de s’alimenter et ne parvient pas à trouver le sommeil. Je m’inquiète beaucoup pour lui car il est l’unique personne qui me reste dans cette vie : je suis orpheline et je n’ai pas de frères ni de sœurs ici. Ils ont tué nos gens et nous ont privés de tout ce que nous avions, même de notre lieu de vie que nous connaissions. Ici, nous ne menons aucune activité. Je suis désespérée ».

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« Nous avons tout perdu du jour au lendemain »

Comme dans le reste du Niger, dans la région de Diffa MSF travaille en appui au Ministère de la Santé Publique pour sauver des vies et alléger la souffrance des plus vulnérables, à savoir, les populations réfugiées, déplacées à l’intérieur du pays et retournées, ainsi que les communautés locales.

Suite à une mission d’évaluation à Kablewa, le Chef de Mission de MSF au Niger, Francisco Otero y Villar, a décrit la situation : « Les survivants étaient complètement démunis, et sous le choc d’avoir perdu tous leurs biens et assisté à des exécutions de certains membres de leur communauté. Quand nos équipes sont arrivées sur le site de déplacés, ils étaient dans une situation très précaire, manquant d’abris et exposés aux intempéries de la saison pluvieuse, avec un accès restreint à des soins de santé appropriés ».

Dans un premier temps, MSF a effectué une distribution d’articles de première nécessité à cette population nouvellement déplacée, dont 87 ménages en ont bénéficié. Les kits incluaient des articles d’hygiène, des bâches et des ustensiles de cuisine, entre autres.

Puis les équipes ont organisé une clinique mobile sur place. Ceci a permis de vacciner presque 100 enfants et un dépistage nutritionnel de 73 autres, en orientant les cas sévères (5,47 %) vers un centre de santé ; 48 consultations médicales ont été réalisées ce premier jour. Par ailleurs, compte tenu des exactions que ces déplacés avaient subies, ou dont ils ont été témoins dans leur campement d’origine, des activités de santé mentale ont également été implémentées, y compris 1séance de psychoéducation avec 50 participants, 3 séances de groupe de parole avec 21 participants, et 7 séances individuelles.