Le Festival du tambour

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C'est avec émotion que la tribune du stade de Gitega, qui accueillait l'événement culturel s'est levée ce samedi 3 mars pour une ovation au vieux danseur. Il n'a rien perdu de sa grâce, sautant, frappant la peau de taureau du tambour, criant pour encourager les batteurs derrière lui, rappelant que l'ingoma (tambour burundais) est une danse guerrière. À 77 ans, le doyen de Gishora, Antime Baranshakaje, est la véritable star du premier Festival des tambours burundais. Car le site de Gishora, situé à une dizaine de kilomètres au nord du stade et réhabilité par le ministère en charge de la Culture en 1989, est devenu un véritable lieu de «pèlerinage» où passent officiels, touristes, étudiants, diplomates, élèves en sorties de classe…

Le 28 août 2008, les tambours vont longuement mugir pour le Président de la République. Dans le livre d'or, Pierre Nkurunziza écrit : « …Le développement passe par la création d’une association pour s’auto-développer et développer la culture. » Depuis, les danseurs de Gishora se sont groupés en un mouvement associatif, pour lequel il faut débourser 50 000 Fbu (autour de 39 dollars) pour assister au spectacle. La colline s'anime du saisissant roulement rythmé des tambours, qui battent, accompagnés par une danse autrefois réservée au seul roi, au milieu des cris et d'une poussière rougeâtre. L'écho porte loin, et on croit soudain revoir la scène…

Gishora : c'est là qu'en 1908, le Mwami (roi) Mwezi Gisabo échappe à deux de ses princes rebelles qui avaient décidé de le tuer, sauvé par la famille des Batimbo qui cacheront le vieux monarque dans un grand troupeau de vaches. Quand les chiens envoyés à ses trousses atteindront l'endroit, impossible de retrouver les traces du roi, tant les effluves de bouse sont puissantes… Alors, pour remercier les Batimbo d'avoir sauvé le Burundi, Mwezi Gisabo leur fera cadeau d'un tambour, établissant à Gishora une résidence secondaire. Un héritage sacré gardé depuis le grand-père d'Antime, et transmis de père en fils.

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A Gitega, pour cette première édition du festival dédié à l'ingoma, la foule n'était hélas pas nombreuse, « une faute due à une promotion insuffisante de l'événement » souligne une journaliste sur place. On retiendra surtout une forte délégation d’officiels, notamment du deuxième vice-président de la République, des ministres burundais en charge des Affaires Étrangères et de la Culture, et surtout une délégation belge composée de l'ambassadeur du royaume au Burundi ainsi que la gouverneure de la province du Brabant Wallon venus avec une trentaine d'entrepreneurs, invités d'honneur dans le cadre de la Semaine belge.

La veille, ces derniers avaient pris part, au Musée de Gitaga, à une exposition dédiée au tambour.