Gabon : la victoire d’Ali Bongo mis en cause par un pré-rapport de l’Union Africaine

Afriquinfos
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Libreville-(© 2016 Afriquinfos)-Un pré-rapport sur l‘élection présidentielle du 27 août dernier, dévoilé ce jeudi par RFI et le journal gabonais Moutouki, (proche de l’opposition) met en cause la victoire d’Ali Bongo devant Jean Ping.

Le document  a été rédigé par les observateurs de l’Union africaine venus au Gabon durant le processus électoral. Ils avaient assisté à la vérification des procès-verbaux par la Cour constitutionnelle. En effet, l’opposant Jean Ping, battu par le président Ali Bongo, contestait les résultats et accusait le pouvoir de fraude, de falsification des PV.

 Les observateurs africains parlent de PV « invraisemblables » pour la province du Haut-Ogooué, où le chef de l’Etat avait obtenu 95% des voix. Des PV « si bien rédigés, ordonnés, dont la lisibilité est si nette qu’elle suscite des interrogations ». Des révélations qui suscitent des réactions.

C’est une révélation qui pourrait conforter l’opposant gabonais Jean Ping qui conteste toujours la réélection d’Ali Bongo à la tête du Gabon.

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Les deux experts, le président de la Cour constitutionnelle du Tchad et un juge constitutionnel du Togo, qui auraient signé ce pré-rapport, se seraient interrogé sur la présentation parfaite des procès-verbaux dans cette province par rapport à ceux des bureaux dans d’autres provinces du pays. Ils s‘étonneraient également de « la coïncidence entre le nombre d’inscrits, celui des suffrages exprimés et l’attribution quasi-totale de ceux-ci à un seul candidat » dans cette province, fief de la famille Bongo.

La quasi-perfection des procès-verbaux du Haut-Ogooué n’étonne pas côté Jean Ping. Pour son porte-parole, ça explique pourquoi la Cour a refusé de les comparer avec les PV de l’opposition qui selon elle, donnaient Jean Ping vainqueur.

Pour Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, les magistrats savaient bien qu’ils avaient en main de faux documents. Des PV qui ont suscité les doutes des experts de l’UA. Pour autant, malgré ce rapport, le président de l’organisation, Idriss Déby, est venu à Libreville féliciter Ali Bongo. Désormais, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi pointe l’institution du doigt : « Ce qu’il y a d’intéressant dans ce document, c’est qu’il nous renseigne sur ce que devient l’Union africaine. On a le sentiment qu’ils se sont comportés comme une institution qui œuvre pour le maintien des dictatures en Afrique. L’UA a enterré ce rapport qu’elle a reçu. »

Interrogé par l’AFP, le ministre gabonais des Relations avec le Parlement, Me Francis Nkea, a jugé le document non-crédible. Des arguments que rejoint le président de la Commission électorale. René Aboghé Ella trouve curieux que l’on critique les agents électoraux quand ils font bien leur travail.

Innocente Nice