Ousmane Sow, «monument débout dans le Panthéon des grands créateurs», a rejoint Doudou Ndiaye Rose

Afriquinfos
4 Min de Lecture

Dakar (Afriquinfos, 2016) – L’année dernière, le Sénégal avait perdu une perle rare de ses percussionnistes. Il s’agissait du décès du célèbre maître tambour Doudou Ndiaye Rose. Cette année, c’est l’immense sculpteur Ousmane Sow, légende vivante de l’art contemporain de tirer sa révérence.

Décédé depuis le 1er décembre dernier à l’âge de 81 ans, le monde politique et artistique était présent ce mardi, lors de son inhumation, à Dakar, pour lui rendre un dernier hommage.

«L’homme que nous accompagnons aujourd’hui en sa demeure ultime fut un grand Sénégalais (…), un artiste de renommée mondiale, académicien et humaniste résolu», a vanté Macky Sall, le président sénégalais qui a tenu à rendre hommage au célèbre sculpteur. A ses yeux, Ousmane Sow «restera définitivement le monument débout dans le Panthéon des grands créateurs du XXème et du XXIème siècle».

«C’est une très grosse perte pour la sculpture sénégalaise et africaine. Ousmane Sow a été un véritable ambassadeur de la culture sénégalaise», a mis en avant de son côté  Mbagnick Ndiaye, le ministre sénégalais de la Culture. «Les œuvres d’art qu’il a exposées à travers le monde montrent qu’il était un géant de la culture. C’est une véritable perte», a-t-il ajouté.

- Advertisement -

Célébrité rayonnante…

En 2013, la France s’est montrée reconnaissante envers Ousmane Sow à travers une cérémonie au cours de laquelle, il a été admis à «l’Académie des Beaux-arts». Une première pour un artiste d’origine africaine. «Ousmane Sow fut, en 2013, le premier artiste d’origine africaine à faire son entrée à l’Académie des Beaux-arts. En dédiant l’honneur qui lui était fait à ‘l’Afrique toute entière’, il demeurait fidèle au rapprochement des cultures auquel il était tant attaché», avait déclaré François Hollande le président français.

«Jamais un gamin ne m’a demandé ce que mes sculptures voulaient dire. Je sculpte des hommes. J’ai tellement peur qu’on ne me comprenne pas, ou qu’on interprète mal ce que je dis, que je parle très directement. C’est la même chose en art», disait l’artiste Ousmane Sow, qui a acquis la notoriété internationale par ses sculptures. Il s’est fait une renommée à travers  des statues représentant des Masaïs, Zoulous et Peuls ; et aussi par des sculptures monumentales de guerriers.

Né le 10 octobre 1935 à Dakar, Ousmane Sow est  fils de comptable. Déjà à l’école, celui qui allait devenir un grand artiste, aimait à tailler de petites figurines dans des blocs de calcaire. Devenu plus tard infirmier et kinésithérapeute en France, Ousmane Sow, s’est beaucoup inspiré de son métier notamment l’anatomie humaine pour réaliser ses chefs-d’œuvre. Longtemps resté dans l’anonymat, c’est en 1987 qu’ont débuté ses succès à la suite à d’une exposition au «Centre culturel français de Dakar». Et depuis, la renommée ne l’a plus quitté jusqu’à ce jeudi 1er décembre 2016 où il a achevé définitivement ses œuvres.

Contemporain d’Ousmane Sow, Doudou Ndiaye Rose illustre percussionniste s’en est allé l’année dernière. Sa disparition était tout aussi ressentie comme celle du célèbre sculpteur. Tant les deux hommes qui diffèrent par leur champ d’expression mais unis par l’Art ont marqué les esprits au Sénégal, en Afrique et dans le monde entier. «Il a beaucoup fait pour moi (…) et a apporté le même soutien à tous les artistes», avait salué l’immense Youssou Ndour à la faveur de la disparition de l’incontestable maître-tambour sénégalais, D. N. Rose. Il avait alors déploré une «grosse perte pour le Sénégal».

Anani  GALLEY