Le Caire (© 2020 Afriquinfos)-L’Egypte aspire à devenir le premier pays africain à conquérir l’espace spatiale d’ici 2026. Raison pour laquelle, l’agence spatiale égyptienne veut lancer une compétition nationale d’ici la fin du mois de janvier. Cette opération se donnera pour mission d’envoyer un premier Égyptien dans la Station spatiale internationale (ISS) à l’horizon 2026.
« Le concours sera ouvert à tous, hommes comme femmes », soutient Mohamed El-Qousy. « Cela va développer la connaissance de l’espace dans le pays et encourager la jeunesse égyptienne à s’entraîner. Ils seront motivés pour être en bonne forme physique et morale, et pour avoir un bon niveau scientifique. » Depuis son bureau du Caire, le directeur de l’agence spatiale égyptienne, Mohamed El-Qousy, dévoile son ambition.
Deux Égyptiens seront alors choisis à l’issue d’un processus de sélection qui doit durer trois ans, et dont les critères restent à définir. Les deux heureux élus suivront ensuite un programme d’entraînement en Russie, l’un des partenaires du programme spatial égyptien.
Pour certains observateurs, cette initiative n’apparaît pas comme prioritaire dans un pays où près d’un tiers de la population vit avec moins d’un dollar et demi par jour.
D’autres estiment qu’au-delà des retombées économiques, envoyer un homme dans l’espace rapportera aussi des bénéfices politiques comme symboliques selon Sékou Ouedraogo, président de l’association African aeronautics and Space organisation. « Ça ferait rentrer l’Égypte dans un club très fermé, qui n’était réservé qu’aux Russes et aux Américains jusqu’à il y a peu », analyse-t-il. « Ce serait un signal fort, d’autant plus qu’aucun État d’Afrique n’est parvenu à envoyer un de ses ressortissants dans l’espace jusqu’à présent. »
L’Afrique à la conquête spatiale
Bien avant le projet égyptien, de nombreux Africains ont tenté de partir à la conquête de l’espace, dès les années 1960 et un seul a réussi.
Le 25 avril 2002, le milliardaire sud-africain Mark Shuttleworth atteint l’espace. À 28 ans, il devient le premier africain de l’histoire à être mis en orbite. Pourtant, sa mission n’a rien de scientifique. L’entrepreneur débourse 20 millions de dollars pour s’offrir cette escapade spatiale.
Un autre Sud-Africain était censé lui emboîter le pas : Mandla Maseko, un DJ de profession sélectionné parmi un million de participants lors d’un concours organisé par une marque de déodorants. Le prix : participer à un vol sub-orbital à bord d’un « vaisseau spatial » spécialement affrété. Mais Mandla Maseko se tue dans un accident de voiture en août 2019.
Pour information, les premières traces d’ambitions spatiales africaines remontent à 1964 en Zambie, à l’initiative d’un professeur excentrique, Edward Makuka Nkoloso.
En 2016, le ministre nigérian des Sciences et technologies, Ogbonnaya Onu annonce vouloir envoyer un astronaute dans l’espace d’ici à 2030. Pour cela, des membres de la Narsda, l’agence spatiale nigériane, rencontrent leurs homologues chinois. Le Nigeria compte alors « inspirer tout un continent » selon les mots de Felix Ale, l’un des responsables de la Narsda.
De nombreux pays d’Afrique sont actifs dans la recherche spatiale. Une dizaine de pays africains ont lancé au moins un satellite dans l’espace. En 2017, le Ghana est même devenu le premier pays du continent à concevoir entièrement un satellite sur son sol. Du côté de l’observation spatiale, l’Afrique du Sud a été choisie pour accueillir un des deux sites sur lequel sera déployé le Square Kilometre Array, le plus grand radiotélescope mondial qui servira à sonder les confins de l’espace.
Xavier-Gilles CARDOZZO