Conseil des droits de l’homme: Examen de la situation des droits de l’homme au Soudan du Sud

Afriquinfos
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Genève (© 2018 Afriquinfos) –Le Conseil des droits de l’homme a examiné, ce mardi le rapport de la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, qu’a présenté la Présidente de la Commission, Mme Yasmin Sooka.

Mme Sooka a expliqué que la Commission avait pour mandat de collecter des preuves destinées au tribunal hybride, à la commission de vérité et au mécanisme de réparation, mécanismes dont la création était prévue par l’Accord de paix au Soudan du Sud de 2015.  Depuis lors, le conflit s’est étendu à la quasi-totalité du pays, a poursuivi la Présidente, y compris les régions les plus productives au point de vue agricole.  La nation est en train de se fracturer selon des lignes politiques et ethniques.  Dans ce contexte, les milliers de documents collectés par la Commission lui ont permis d’identifier plusieurs officiels sud-soudanais qui sont peut-être responsables, individuellement, de violations graves des droits de l’homme et de crimes internationaux depuis 2013, a dit Mme Sooka.

À ceux qui réduisent le conflit au Soudan du Sud à un problème sans solution, Mme Sooka a fait observer qu’il existe un remède juridique à ce problème : la responsabilité pénale devant le tribunal hybride – une démarche qui exige cependant une volonté politique, a relevé l’experte.  La Commission a constaté que des témoins sont prêts à parler et qu’il est possible de récolter des preuves des crimes à l’intérieur comme à l’extérieur du Soudan du Sud.  Mme Sooka a décrit certaines des atrocités commises sur des civils sud-soudanais – viol et mutilation de femmes, décapitations – dont la Commission a reçu des témoignages.  À cet égard le travail de la Commission suscite, au sein de la population, une attente certaine pour que la justice soit rendue rapidement, a relevé la Présidente

Des Inexactitudes

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Le Soudan du Sud, qui intervenait en tant que pays concerné, a déploré que le rapport contienne des inexactitudes, notamment qu’il assimile des partis politiques à des milices, et qu’il ne tienne pas compte du fait que la sécurité est revenue dans le pays, comme l’a reconnu le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, M. David Shearer, lors d’une visite en décembre dernier.

Dans les interventions qui ont suivi, les délégations ont condamné la persistance des violations graves des droits de l’homme au Soudan du Sud, telles que documentées par la Commission, et déploré le climat d’impunité qui prévaut à cet égard.  Toutes les délégations ont souligné l’importance de créer rapidement les conditions propres à ce que justice soit rendue pour les crimes commis au Soudan du Sud, et donc de créer enfin le tribunal hybride prévu par l’accord de paix.

Compte tenu du retard pris dans la création de ce tribunal, il a été demandé au Conseil de renouveler le mandat de la Commission afin qu’elle continue de collecter des preuves de violations des droits de l’homme.  Une organisation non gouvernementale a suggéré que la Commission enquête aussi sur les causes profondes du conflit, y compris sur le rôle des entreprises transnationales qui fournissent des armes aux parties en conflit.

Quelques délégations ont estimé que les « problèmes africains » devraient être réglés « par des solutions africaines », et souligné avec satisfaction que l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et d’autres mécanismes régionaux étaient partie intégrante au processus de réconciliation et de paix du Soudan du Sud.

Innocente Nice