Plus bel hommage à rendre à Kofi ANNAN: Respecter en Afrique son interpellation des Présidents de ne pas briguer plus de deux mandats

Afriquinfos
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GENEVE (© 2018 Afriquinfos)- Depuis le 18 août 2018, une pluie d’hommages en provenance d’Afrique et des 04 autres continents de la planète s’abat sur la famille Annan pour saluer l’œuvre, le parcours et le legs du regretté diplomate ANNAN. En Afrique et tout singulièrement au Sud du Sahara, personne n’a osé rappeler la dernière interpellation faite par M. ANNAN à un Sommet de l’UA, sous la casquette du patron de l’ONU.

 

C’est avec un tremolo perceptible que Kofi Atta ANNAN avait ouvertement interpellé les Chefs d’Etat de l’UA à Addis-Abeba, lors de ce qui constituait sa dernière participation dans la peau de SG de l’ONU à un Sommet de l’instance panafricaine. Déjà en 2004, au 3è Sommet de l’UA, le professionnel diplomate ghanéen avait déjà déclaré «qu’il n’était ni décent, ni sage ni faire preuve du sens de l’Etat pour les dirigeants africains, de manipuler les Constitutions pour se maintenir au pouvoir au-delà des délais prévus par la loi fondamentale» de leurs pays respectifs.

A l’époque de la dernière déclaration osée du natif de Kumasi en 2006, seul Eyadèma Gnassingbé avait bouclé la boucle après 38 ans à la tête du Togo, remplacé par son fils Faure (via l’armée de ce pays, après un scrutin présidentiel meurtrier le 24 avril 2005). Les Bongo, Nguesso, Obiang Nguema, Khadafi, Ben Ali, Hosni Moubarak, Yaya Jammeh, Melès Zenawi, Mugabe, Dos Santos etc. étaient encore en poste.

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«Ce que vous n’avez pas réalisé en l’espace de deux mandats, vous ne le ferez pas avec un nombre de mandats illimités», avait entre autres rappelé l’efficace diplomate ghanéen à ses frères dirigeants d’Afrique. Un discours de vérité bien accueilli en son temps par les peuples épris de liberté en Afrique, mais avec de la circonspection dans les milieux diplomatiques africains.

12 ans après les propos audacieux du regretté ANNAN, le mal pernicieux de longs mandats continue de ronger l’Afrique, avec le plus clair du temps, des répercussions fâcheuses sur le tissu socio-économique et politique des Etats concernés. L’Algérie n’a toujours pas connu de stabilité politique depuis l’accession au pouvoir en 1999 d’A. Bouteflika. Le Togo, le Tchad, Djibouti, le Congo-Brazzaville sont pris dans l’engrenage cyclique des luttes fratricides autour du fauteuil présidentiel depuis que les Présidents de ces pays ont franchi le seuil de 3 mandats présidentiels consécutifs. Le Cameroun et la Guinée équatoriale demeurent le plus clair du temps raillés en Afrique pour les normes politiques anti-démocratiques qui les caractérisent. A tout prendre, la partie la plus rétive à l’interpellation de feu Kofi ANNAN demeure encore et toujours l’Afrique francophone. Cette partie du continent africain était déjà visée dans l’appel citoyen de Kofi ANNAN pour une autre Afrique politique.

Nul doute que de là où il se trouve désormais, l’élégant et efficace ANNAN doit se sentir fier des mutations positives en cours en Ethiopie, du processus de paix redynamisé au Soudan du Sud, des fruits visibles de l’alternance pacifique en Angola et au Zimbabwe. Ou encore des corollaires de la paix des braves au Kenya entre R. Odinga et U. Kenyatta. Deux pays d’Afrique anglophone qui ont été les derniers théâtres d’opération diplomatique du valeureux Atta ANNAN. Qu’il est bon d’être prospectiviste aussi bien en politique qu’en économie pour le bien des Etats africains.

 

Par Georges SAMIR