Mandela, Annan : A jamais des icônes mondiales soulignant le pas pris par l’Afrique anglophone sur l’Afrique francophone dans la formation des élites

Afriquinfos
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GENEVE (© 2018 Afriquinfos) – Depuis le rappel à Dieu de Nelson Mandela le 05 décembre 2013, rarement des hommages auront été autant quasi unanimes sur la planète autour du legs professionnel et intellectuel d’un Africain. Ce fut le cas de Kofi Atta Annan ; un autre Africain anglophone.

 

Deux semaines un jour déjà après l’inhumation de Kofi Annan au Ghana ! La pluie d’hommages qui continue d’accompagner Kofi Atta Annan depuis sa subite disparition le 18 août dernier témoigne à elle toute seule de l’aura qu’exerçait cet Africain sur un grand nombre de ses contemporains, qu’ils soient ou non diplomates.

Sur la scène diplomatique internationale, rarement des dirigeants africains ont droit à une kyrielle de propos louangeurs pour services rendus à l’Humanité. Mandela et Annan sont les fruits de systèmes politiques et éducatifs sains, structurés, faisant de la prospection, le tout moulé dans des visions bien canalisées du développement. La grande famille de la diplomatie internationale a certes rendu en février 2016 des hommages mérités à Boutros Boutros-Ghali (premier Africain élu SG de l’ONU, issu d’un autre pays anglophone), mais on a été loin du concert d’hommages envoyés à Mandela et Annan. Ces lignes n’ont pas la prétention de dresser un hit-parade des hommages adressés à des Africains hors-pair. Ils illustrent plutôt l’attachement du monde aux vertus du travail inclusif recueillant l’adhésion de la majorité de la planète.

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Non seulement dans la vie de l’ONU mais aussi en matière de relations internationales, K. Annan a désormais laissé des traces indélébiles pour la postérité. Le fait que ces immenses marques de déférence soient adressées en l’espace de cinq ans à deux dignes fils d’Afrique émérites et anglophones doit interpeller le reste du continent noir. Plus singulièrement la zone francophone de cette partie du monde qui brille le plus clair du temps par le leadership autoritaire de ses dirigeants, secrétant une somme d’instabilités institutionnelle et politique. Des postures et des attitudes qui font une publicité négative pour l’ensemble du continent noir. En effet, à l’exception des longs règnes de Gabriel Robert Mugabe au Zimbabwe (qui a pris fin en 2017), de Yoweri T. Museveni (en Ouganda) et de celui de Mswati III en cours au Swaziland, difficile de coller à l’Afrique anglophone d’autres exemples de leadership autoritaire.

Autant les figures iconiques de Mandela et d’Annan collent à leurs pays respectifs des images de bons élèves de la démocratie, autant les longues années passées au pouvoir ou dans l’appareil du pouvoir exécutif par des dirigeants africains francophones relègue au second plan l’image de la gouvernance en Afrique francophone. Sur le continent africain, très peu d’anciens Présidents ou Premiers ministres font l’unanimité dans l’opinion quand on les choisit pour chapeauter ou conduire des missions de bons offices. Médiateur ou facilitateur dans la quasi-totalité des crises politiques en Afrique de l’ouest de 1990 jusqu’en 2014, Blaise Compaoré a refusé une retraite dorée à la Francophonie pour une fin précipitée de son pouvoir en octobre 2014 ! Un exemple, un archétype de la nécessaire mue que doit opérer l’approche de la gouvernance en Afrique francophone.

 

Par Georges SAMIR