Ethiopie/Etat d’urgence: Plus de 1.500 personnes arrêtées, le pays s’ostracise face à des revendications légitimes

Afriquinfos
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Addis-Abeba (Afriquinfos 2016) – Selon  un communiqué du gouvernement, 1.500 personnes ont été arrêtées dans les villes de Shashemene et West Arsi (sud de la capitale, Addis-Abeba) dans le cadre d’une enquête pour «violences» et «dommages matériels» dans cette région. Depuis le 9 octobre, l’état d’urgence a été décrété dans le pays. Une décision qui fait suite au regain de violences depuis quelques semaines.

Le rafle a été opéré dans les zones où les contestations sont les plus vives. Il s’agit de la région Oromo (centre et ouest), où a été déclenché en novembre 2015 un mouvement de contestation du Gouvernement actuel et sans précédent depuis 25 ans. Le mouvement s’est propagé depuis l’été 2016 à Amhara, une région du nord. La répression  ne s’est pas faite attendre. Selon les organisations des droits de l’Homme, elle a déjà fait plusieurs centaines de victimes. Oromo et Ahmara sont les foyers de la contestation.

Ils représentent les deux principales ethnies du pays et forment plus de 60% de la population éthiopienne. Ces deux ethnies dénoncent la domination sans partage de la coalition (la minorité des Tigréens) au pouvoir depuis 25 ans. Si depuis l’instauration de l’état d’urgence, un calme précaire règne dans ces deux régions, ailleurs, les forces de sécurité ont procédé à des arrestations. A Gondar et Bahir Dar (Amhara), une cinquantaine de commerçants et enseignants ont été interpellés pour «déni de service consécutif à la fermeture de leurs commerces» et «appel à la grève». 302 personnes ont également été arrêtées dans la ville de Guji et 110 dans la zone de Kelem Wolega, selon le communiqué du Gouvernement qui indique que des manifestants auraient dérobé des armes.

 Les mesures contraignantes de l’état d’urgence

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C’est au total une trentaine de mesures qui ont été prises. Elles limitent les déplacements dans le pays et restreignent la liberté d’expression. Les partis opposants sont interdits de faire des déclarations (qui puissent inciter la violence) à la presse. Aussi, est-il illégal de regarder ou de relayer deux les chaînes «ESAT et OMN» appartenant à l’opposition et qui sont basées aux États-Unis. Le réseau internet est aussi inaccessible.

Les dispositions concernent un couvre-feu entre 18h00 et 06h00 autour d' »intérêts économiques » stratégiques aux abords des usines, fermes agricoles et institutions gouvernementales. La mesure inclut également l’interdiction des manifestations dans les écoles et universités. Même certains diplomates sont sommés de quitter le territoire. Depuis l’éclatement des violences, plusieurs entreprises étrangères ont été prises pour cible par des manifestants.

Anani  GALLEY